Frais universitaires

Frais universitaires

– Tu sais quoi ? Ca me manque un peu.

– Quoi donc ?

– Ben ça, là. La rentrée.

– Alors ça c’est une surprise, je croyais que ton rêve c’était les vacances permanentes.

– Oui, et ça le reste. Je ne te parle pas de reprendre le boulot, je te parle de retourner à la fac.

– Ah oui, je comprends mieux, rien à voir avec une forme ou une autre de travail.

– C’est ça.

– Tu voudrais retrouver l’effervescence du début d’année.

– Voilà, exactement. L’effervescence.

– Cette jubilation spontanée à l’idée de nouvelles découvertes.

– C’est ça.

– Toute une année à découvrir, à t’enrichir, à emmagasiner quotidiennement de nouvelles connaissances.

– Euh…oui, bien sûr, aussi.

– Aussi ?

– Ben disons que…enfin la vie d’étudiant ça ne se limite pas aux cours, quoi. Quand même.

– Ah oui, je vois.

– Non mais c’est très important la dimension sociale. Apprendre des choses, bon, très bien, mais après tout tu le peux faire chez toi le nez dans un bouquin. Les études c’est aussi un apprentissage social. Et tu ne vas quand même pas contester l’importance de la dimension interpersonnelle. Regarde comme ils ont été malheureux les étudiants quand ils ont té confinés.

– Certes.

– Sans compter que pour qu’un enseignement soit efficace, il faut alterner les périodes d’études et de détente. Tu dois laisser ton esprit se reposer de temps en temps pour assimiler ce qu’il a ingurgité. C’est très très important, ça fait absolument partie de l’apprentissage.

Séance d’assimilation collective

– Je vois. Et si je me souviens bien, tu commençais tes révisions très tôt dans l’année.

– Ah ben c’est le secret pour réussir. Le bachotage à une semaine des exams, c’est pas du tout recommandé.

– Donc en fait ce qui te manque c’est la vie étudiante, et les cours c’est en option.

– Je crois que c’est bien résumé.

– Sortir avec les potes, boire des pots, lancer des émeutes et mettre la ville à feu et à sang…

– Excactem…quoi, pardon ? Qu’est-ce que tu as dit là, à la fin ?

– Lancer des émeutes et mettre la ville à feu et à sang.

– Laisse-moi réfléchir…non ?

– Tu ne l’as jamais fait et je t’en félicite, mais c’est peut-être parce que nous n’avons pas usé nos jeans sur les bancs de l’un des plus prestigieux établissements universitaires au monde.

– Oh, quand même.

– Non. Très honorable, mais pas une référence planétaire.

– Mais précisément, ils n’ont pas ce genre de comportements sauvages, dans les filières d’excellence.

– C’est arrivé.

– Ah oui ?

– Non seulement c’est arrivé, mais à l’époque où les campus dépendaient de l’Eglise et accueillaient essentiellement des clercs. Et ça a abouti à des traditions assez aberrantes, qui ont duré des siècles.

– Diantre, j’aurais raté ma vocation ?

– Peut-être. Tu connais la scolastique ?

– Au moins dans le principe, c’est la pensée développée précisément dans les universités médiévales européennes.

– Et la Sainte-Scholastique ? Pas au sens de la pensée qui aurait été consacrée par l’Eglise, mais une sainte prénommée Scholastique, comme d’autres ou pu s’appeler Catherine ou Gudule.

Mais si.

– Je suis au regret de reconnaître que je ne connais pas plus de Scholastique que de Gudule. J’ai le sentiment d’être passé à côté de quelque chose.

– Indubitablement. Dis-moi, quelle est à ta connaissance la plus ancienne université européenne, par ailleurs toujours en activité ?

– Si je ne dis pas de bêtise, c’est celle de Bologne.

– Tout juste. L’enseignement s’y développe à partir de 1088, puis s’organise formellement, c’est-à-dire avec une reconnaissance papale, parce qu’à l’époque une université ça sert avant tout à former des clercs, à partir du milieu du 12e siècle. Elle est suivie par celle de Paris. Cependant en 1167 le roi Henri II interdit aux Anglais de venir étudier à Paris. Ce qui permet le développement rapide des écoles qui s’étaient installées à Oxford depuis au moins 1096. Elles s’organisent formellement en université et sont reconnues comme telle par une charte royale en 1248. C’est la date de naissance officielle de l’Université d’Oxford, même si dans les faits c’était déjà un centre académique important depuis déjà plusieurs décennies.

– Ce qui va j’imagine assurer la prospérité de la ville, et pour un moment.

– Oxford était déjà une ville importante, ce qui n’est sans doute pas pour rien dans l’installation des écoles. Avant d’être méchamment frappée par la peste noire au milieu du 14e, la ville est même la 5e plus importante du royaume. Mais surtout, le fait de devenir un centre universitaire est autant une tuile qu’une bénédiction pour les habitants.

– Comment ça ?

– Outre le prestige, l’établissement attire par définition de nombreux étudiants. Il faut les loger, et à l’époque ça se fait surtout chez l’habitant. Et puis ils mangent, toujours ça de pris pour l’économie locale. Enfin ils boivent.

– Ce qui continue à aller dans la poche des commerçants, je ne vois toujours pas le problème.

– Le problème c’est qu’ils boivent, et qu’ils ne sont pas plus immunisés contre l’ivresse que t…que moi.

– Allons, ce sont des étudiants en théologie et autres études consacrées, ils ont évidemment une tenue exemplaire.

Nos sources sont partagées.

– Eh ben non, semblerait que nos lettrés qui passaient leurs journées sur les écritures saintes n’étaient pas moins portés aux débordements que les plus désinhibés piliers de BDE. Ce qui conduit à des excès qui reflètent la violence de l’époque. C’est ainsi que vont apparaître les tensions et incidents dits « town and gown », c’est-à-dire entre la ville et la robe. Les citoyens de base et les clercs.

– Concrètement, ça ressemble à quoi ?

– La première « dispute » town and gown est recensée en 1209. Deux clercs de l’université sont pendus par les habitants, pour un meurtre dont il semble qu’ils étaient en fait sans doute innocents. L’exécution était semble-t-il avalisée par le roi. En temps normal les autorités ecclésiastiques auraient en sorte d’exonérer les leurs, mais c’est une époque de conflit entre le roi Jean et le pape.

– D’accord, ça rigole pas.

– Les clercs décident donc se quitter le secteur pendant quelque temps, et certains vont s’établir à Cambridge, où ils décident de se reconvertir et d’ouvrir une brasserie.

– Une brasserie, sérieusement ?

– Mais non, ils fondent ce qui deviendra la grande rivale/consœur d’Oxford. L’activité scolastique reprend à Oxford en 1214, quand le pape impose de sévères pénalités à la ville, et que l’Université s’affirme comme une institution renforcée, dotée d’une organisation solide avec à sa tête un chancelier.

– C’est le pape qui sanctionne ?

– Oui, puisqu’en tant qu’établissements qui forment des clercs, les écoles et la future université dépendent de l’Eglise. C’est d’ailleurs bien le problème : l’Université et ses étudiants jouissent en quelque sorte d’un statut d’extra-territorialité. Au sens où ils relèvent de l’autorité ecclésiastique, et non municipale.

– Tu veux dire qu’ils peuvent faire à peu près ce qu’ils veulent, les autorités de ville ne peuvent pas les sanctionner ?

– C’est l’idée. Les étudiants ne pouvaient pas être poursuivis en justice en dehors de leur diocèse, et étaient exemptés de nombreuses taxes et impôts. Tout cela parce que l’université dépendait de l’Eglise, dont elle constituait en quelque sorte une branche. Le maire dirige la ville, mais les clercs relèvent du chancelier, et au-delà du pape. Ou plutôt du vice-chancelier, qui dirige de fait l’Université alors que le chancelier est en général un aristocrate plus ou moins lointain qui n’a de rôle que protocole et de représentation. Et la tendance est que l’université devient de plus en plus puissante vis-à-vis de la cité qui l’accueille.

– J’imagine que l’impunité des étudiants n’arrange pas leurs relations avec  les locaux.

– Tu imagines bien. En 1248, des habitants tuent un clerc écossais, du nom de Robert Grosseteste. Je ne suis pas en mesure de te dire pourquoi ou s’il méritait même qu’on s’en prenne à lui, mais en plus d’être châtiés les coupables sont excommuniés par l’évêque de Lincoln, et le roi impose une amende à la ville.

– A la ville ?

– Ben oui, au maire de mieux tenir ses habitants. En 1298, un groupe d’étudiants armés d’arcs s’en prend à des locaux, faisant plusieurs victimes, et en représailles un étudiant est tué. Les habitants coupables du meurtre sont excommuniés et la municipalité doit payer des compensations. Il n’y a aucune sanction contre les étudiants.

– Ah oui effectivement, l’ouverture de la saison de la chasse coïncide avec la rentrée là.

– Et c’est sans compter les fois où les étudiants se livrent à des émeutes entre eux. Ils ont beau se destiner à des fonctions ecclésiastiques, les étudiants en théologie ont manifestement le sang chaud. Entre 1297 et 1322, 12 des 29 investigations judiciaires menées à Oxford pour des homicides portent sur des meurtres commis par des étudiants.

– Ca en fait un paquet qui ont séché les cours sur les Dix Commandements.

– Et c’est ce qui nous amène à Sainte-Scholastique.

– Le lien m’échappe.

– Tu vas comprendre. Sainte-Scholastique, ou Scolasse, ou encore Ecolasse, de Nursie.

– ‘Spèce de scolasse !!!

– Bravo, tu devrais avoir honte. C’est une Italienne née en Ombrie en 480, et morte en 543 ou 547. Elle a  fondé un couvent à Plombariola, le premier couvent de règle bénédictine. Et pour cause, c’était la sœur de Benoît. Elle est d’ailleurs enterrée à ses côtés à Monte Cassino. A l’époque qui nous intéresse, Scholastique était fêtée le 10 février. Par conséquent, le 10 février 1355, les étudiants d’Oxford fêtent Sainte Scholastique. Etait-ce en référence à la discipline intellectuelle qui porte quasiment son nom, est-ce qu’ils pressentaient qu’un jour on donnerait le nom de bénédictine à une liqueur, est-ce que n’importe quel prétexte est bon pour faire la fête ? Je n’en sais rien.

– Je pense résolument pour la troisième option.

– Ca me surprend. Toujours est-il qu’on lève des coudes à la taverne Swindlestock. Et ne voilà-t-il pas que deux étudiants, qui sont restés dans l’histoire sous les noms de Walter Spryngeheuse et Roger de Chesterfield, commencent à se plaindre la qualité de la binouze.

– C’est peut-être tout à fait légitime.

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– Possible, mais on admettra que la réaction du tavernier l’est tout autant. Ce dernier, u certain John Croydon ou Croyden, leur répond dans un langage qualifié de « borné et fleuri ». Ce qui lui attire quolibets et remontrances, et aussi une volée de chopes.

– Baston d’auberge !

C’est un grand classique.

– Exactement. On commence donc à se tabasser gaiment, pour le plus grand bonheur de Sainte-Scholastique à n’en pas douter. Il se trouve que le propriétaire de l’établissement n’est autre que John de Barford ou Bereford, également maire d’Oxford, et ancien membre du Parlement. Il décide d’en appeler à la population de la ville, en sonnant les cloches de l’église communale, à savoir Saint Martin de Carfax. Les étudiants en font autant, avec celles de l’église de l’université, Saint-Marie-la-Vierge. Les deux camps rassemblent leurs troupes. Ca dégénère quand les deux fauteurs de troubles…

– Ou nobles défenseurs de la qualité de la bière, j’aimerais bien qu’on garde l’esprit ouvert ici.

– Quand les deux individus en question, donc, sont menacés d’arrestation, ça tourne à la bagarre générale puisque 200 étudiants s’y opposent. Les affrontements provoquent la mort d’un enfant de 14 ans. Enfin bon à l’époque c’est un adulte, quasiment un préretraité, mais ça fait quand même un mort.

– Faudrait peut-être que tout le monde se calme.

– C’est pas parti pour, puisque tout ça a duré une bonne partie de la nuit, et que les esprits sont toujours échauffés le lendemain. Le matin du 12 février, les clercs ferment les portes de la ville et se livrent à des pillages et incendies, blessant de nombreux habitants. D’après les archives municipales. Celles de l’Université font au contraire état d’une attaque délibérée et non provoquée de 80 résidents contre plusieurs étudiants qui se promenaient innocemment.

– Bref, ça continue.

– En effet, au point que le maire se rend à Woodstock pour rencontrer le roi et demander son soutien.

« J’ai mieux à faire là, le concert d’Hendrix va commencer. »

Pendant ce temps la situation empire encore quand quelques 2 000 habitants supplémentaires se mêlent à la mêlée dans la mesure où l’appel de la veille a été relayé jusque dans les faubourgs. Pour te donner une idée de l’état d’esprit, ils se pointent en chantant « Slea, slea…havock, havock…smyte fast, give gode knocks », ce que l’on peut traduire par « tue, tue…ravage, ravage…frappe fort, donne de bons coups ».

– Je les sens un peu remontés.

– Pendant toute le reste de la journée, et la nuit, et jusqu’au lendemain matin, on se peigne joyeusement à la main, mais aussi à coups d’arcs et de flèches, d’épées, et de haches. Les clercs en colère tuent 30 citadins, tandis que ces derniers donnent l’assaut au campus et laissent sur le carreau 63 étudiants, plus des blessés. De nombreux bâtiments en ville et dans les murs de l’université sont brûlés.

– Ca fait près de 100 morts parce que la bière n’était pas bonne, quand même.

– C’est ça. Edouard III ordonne que tout le monde se calme, avec précisément aucun effet comme on a pu le voir. Après les événements, il diligente des juges pour mener une enquête.

– Bien.

– Elle dure 4 jours, à la suite de quoi le souverain décide de…réaffirmer les droits des clercs, et leur accorde son pardon pour toutes leurs offenses.

– Quoi ? Mais… ah ouais d’accord, je vois.

– Tous les habitants soupçonnés d’avoir trempé dans les émeutes sont au contraire arrêtés, et la ville dans son ensemble doit verser une grosse amende de 500 marcs. Le 27 juin, Edouard accorde à l’Université une nouvelle charte qui réaffirme ses droits, et lui accorde le contrôle sur le commerce du pain, du vin et de la bière dans la ville.

– Certainement pour s’assurer que n’y seraient vendues que les productions de la meilleure qualité.

– L’Université reçoit également le droit le contrôler les poids et mesures utilisés dans le commerce à Oxford et dans les environs. En outre, la ville a d’autorité pour juger les affaires dans lesquelles toutes les parties sont des profanes, mais dès lors qu’un clerc est impliqué c’est l’Université qui est compétente.

– C’est un encouragement à recommencer, ça.

– Par ailleurs, du côté des sanctions religieuses, l’évêque de Lincoln prononce un interdit, en vertu duquel pendant un an les cérémonies religieuses autres que les baptêmes et les messes pour les principales fêtes sont suspendues. En dehors de ça, plus de messes, de mariages, et d’enterrements.

« Oh, zut, y’a pas messe. »

Et ce n’est pas tout.

– Je ne vois pas ce qu’on peut rajouter.

– Que dirais-tu d’une petite humiliation en prime ? Le maire d’Oxford doit se rendre tête nue à l’université afin de solliciter le pardon du vice-chancelier, et payer une amende de 63 pennies, soit un pour chaque étudiant tué.

– Ca va, même avec l’inflation c’est supportable.

– Il doit payer tous les ans, à jamais. Et tous les ans il doit assister, accompagné des officiers municipaux et de 62 citoyens, à une messe à Sainte-Marie pour les âmes des étudiants tués, les autres morts on s’en tape, à la suite de quoi il prête le serment de respecter les privilèges de l’université.

– Non mais quand tu dis à jamais ?

– A jamais. Ce maire-là, puis tous ceux qui suivront, pour les siècles des siècles.

– C’est un peu le problème avec l’Eglise, elle tend à prendre le concept de perpétuité au pied de la lettre.

– Quant au maire John de Barford, après s’être humilié devant l’Université, il est envoyé avec d’autres responsables municipaux le 6 mai 55 à la Tour de Londres sur ordre du roi, qui exige l’élection d’u nouveau maire. Une fois libéré, Barford est à nouveau élu au Parlement, mais meurt la même année, c’est-à-dire en 1361.

– Au moins il n’aura pas à retourner s’humilier à l’église.

– Au fil des décennies, il apparaît que l’une des sources de frictions est peut-être le fait que les clercs vivent répartis dans la ville. En 1410, l’Université décrète par conséquent qu’ils doivent résider dans ses murs, et non dans des logements de communs, pour éviter qu’ils « dorment toute la journée et écument les tavernes et bordels la nuit, avec des intentions criminelles (vols et homicides) ».

– Ah non mais en fait j’étais un étudiant modèle.

– Je n’irais pas jusque-là, mais effectivement il y avait bien pire chez les clercs. Pour autant, malgré le logement des étudiants sur le campus, il y a encore des tenions dans les siècles suivants, essentiellement causées par les diverses activités plus ou moins sportives, qu’il s’agisse du football, du billard, des jeux de cartes ou de dés. Bien que l’Université fasse de son mieux pour les prohiber. En 1575 Elizabeth formalise le serment que doivent prêter les autorités municipales, qui précise que le maire  doit respecter et observer les libéralités et coutumes de l’université, dont cette dernière a fait usage raisonnablement, sans les contester.

– Et pendant tout ce temps la pénitence annuelle est maintenue.

– Un peu, oui. Certains ruent un peu dans les brancards, comme en 1643. Le maire Thomas Dennis refuse de se présenter à l’église. Le vice-chancelier le somme de s’expliquer, et le conseil municipal répond qu’il n’a pas l’intention de se conformer à cette coutume à moins d’y être contraint par la loi, arguant que cette pratique relève de la superstition et de l’humiliation.

– Ben oui, c’est le principe.

– Cependant il s’agit plus d’un coup d’éclat que d’autre chose, et la coutume reprend. La seule évolution est qu’à partir de 1661 c’est une délégation réduite d’officiels municipaux qui se rendent à la résidence du vice-chancelier pour renouveler le serment. Le maire pouvait également choisir de ne pas se plier au serment, mais il devait alors payer une amende substantielle. Ce qui selon les archives est arrivée deux fois, en 1800 et 1817. Par ailleurs, notamment au 18e et 19e siècles, il y a des confrontations régulières entre jeunes travailleurs non éduqués et étudiants privilégiés et un rien arrogants.

Ca devient même un thème littéraire.

– Ca m’étonne, tiens. Et le dédommagement de 63 pennies ?

– Il reste en vigueur jusqu’en 1825. La pratique prend fin non pas parce que quelqu’un du côté du gouvernement ou de l’université s’est finalement dit que c’était ridicule, mais parce que le maire a alors décidé de ne rien verser.

– Il a fallu attendre 1825 et près de 5 siècles pour qu’ils se disent que c’était un rien obscène de faire payer la ville pour les conséquences d’émeutes déclenchées par des étudiants, quand même.

– Attention, je ne parle que de la partie pécuniaire.

– Tu veux dire qu’après 1825 l’équipe municipale devait encore aller se faire sermonner et jurer de ne pas embêter l’Université ?

– Oui. La coutume ne tombe qu’en 1858. Le maire Isaac Grubb est comme tous les ans convoqué pour assister au sermon à Sainte-Marie le 10 février, mais il refuse. A la suite de quoi l’Université n’insiste pas, et ne renouvelle pas la demande.

– Eh ben…

– Note que ce n’est pas fin des affrontements entre la Ville et la Robe. Sur fond de tensions foncières, il y a encore des affrontements en novembre 1867, au point que l’armée est dépêchée pour ramener le calme.

– Je leur reconnais qu’ils ont la rancune tenace.

– Aujourd’hui, Town and Gown est le nom d’une course annuelle de charité dans les rues de la ville, qui autant que je le sache ne donne lieu à aucun débordement notable.

– Tant mieux. Prions pour que plus jamais la mauvaise des qualités des boissons ne conduise à pareille tragédie.

– Amen.

En attendant que nous recevions une charte pour contrôler le commerce de la bière, vous pouvez soutenir En Marge ici.

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