Le silence des Lamb

Le silence des Lamb

– Tiens, mais qu’est-ce qui se passe ? Tu…tu as changé quelque chose ?

– Ben oui, évidemment, ma coiffure. C’est quoi cette attaque gratuite ?!

– Mais pas du tout. Franchement…je te trouve meilleure mine que ces derniers temps.

– Eh bien, euh, merci. De fait, je dors mieux depuis quelques semaines. Je crois que j’ai réussi à mettre certaines choses derrière moi.

– Comment ça ?

– Y’a quand même quelques histoires qui m’avaient un peu perturbé, dans celles que j’ai eu l’occasion de te raconter. Typiquement, les voleurs de corps et dépouilleurs d’organes, ça m’avait remué. Ces types qui n’hésitaient pas à massacrer des dépouilles pour leur sinistres commerce…rien que d’y repenser, j’en frissonne.

– Ha.

– Oui. Que veux-tu, nous avons tous notre sensibilité propre. Tu vois ce que je veux dire ?

– Je crains que oui.

– Comment ça tu crains ? C’est quand même un peu ce qui fait de nous des individus décents et fréquentables. Nous au sens large, hein.

– Oui oui. Et ben écoute c’est très bien, hein, je vais y aller et je repasserai plus tard.

– Mais qu’est-ce…pourquoi, enfin, tu viens d’arriver. Et c’est quoi ce dossier que tu as sous le bras ?

– Oh, pffff…rien. C’est, nan, c’est pas important.

– C’est quoi ce dossier ?!

– Une histoire…parmi d’autres, en fait je ne suis même pas sûr qu’elle vaille la peine que je t’en parle. Je vais trouver autre chose.

– Tu ne vas nulle part, et tu me dis raconte tout. Ici. Maintenant.

– D’accord. Si tu insistes. A ta demande. Alors tu vas juste me signer ce petit formulaire.

– C’est quoi encore ?

– Une petite précaution. Pour attester que c’est toi qui l’as voulu, et que je ne peux être tenu responsable d’aucune conséquence ni traumatisme ultérieur.

– Ca sent le mauvais coup.

– Mais pas du tout, que vas-tu imaginer ?!

« Trois fois rien. Oui, avec ton sang, s‘il-te-plaît. »

– Ok. Voilà. Et donc, de quoi s’agit-il ?

– On va aller faire un petit tour en Californie.

– Je ne dis pas non.

– J’imagine bien. Surtout que nous sommes au début des années 80. C’est la terre des excès, des couleurs flashy, des bagnoles rutilantes, de l’aérobic et des rollers, des vestes à épaulettes avec des brushings expansés, du hair metal, de Venice Beach, du culte de la réussite…

– Je vois, je vois.

– De la THUNE. Et aussi, des crématoriums.

– Des…quoi ? Quel est le rapport ?

– Je ne suis pas sûr qu’il en ait un, à la base. Le fait est que depuis quelques années, le recours à l’incinération, plutôt que l’inhumation, se développe aux Etats-Unis. Et c’est particulièrement vrai en Californie. En quelques années, la proportion des crémations est multipliée par trois. D’environ 10 % des corps au début des années 60, elle atteint 32 % en 1982. Ce qui représente le plus fort taux du pays. Et il y a quelqu’un qui a bien l’intention d’en profiter pour se remplir les poches.

– Une saine motivation d’entrepreneur.

– Je vois que tu as saisi l’esprit. Dans la bonne ville de Pasadena, les pompes funèbres Lamb représentent une institution du milieu funéraire. L’entreprise a été fondée par Charles Lamb en 1929, puis il l’a transmise à son fils Lawrence. Ce dernier a deux filles. Laurieanne se montre la plus douée pour reprendre les rênes. Elle possède notamment un réel talent pour conforter les familles et s’intéresse tout particulièrement à la préparation et au maquillage des corps. En 1985, Laurieanne, alors âgée de 52 ans, rachète l’entreprise à son père, et en prend la direction avec son mari, Jerry Sconce, 55 ans. Ce dernier tenait jusqu’à présent un magasin d’articles de sport, après avoir été entraîneur de foot (américain) dans une fac privée. Les Sconce sont de bons chrétiens, Laurieanne joue de l’orgue à l’église, et la Lamb Funeral Home fait partie du paysage.

« Non, pour la dernière fois, ce n’est pas une boucherie. »

– Une maison établie depuis trois générations, c’est du sérieux.

– Tout à fait. Mais il y a une 4e génération, qui a des grandes ambitions : David Sconce, 32 ans. Après le lycée, David s’est inscrit dans la fac privée où son père s’occupait de l’équipe de foot, précisément pour faire carrière dans ce sport. Il a le physique pour, et histoire de ne rien gâcher on lui donne des faux airs de Paul Newman. Cependant l’équipe enchaîne les défaites et David n’attire pas plus que ça l’attention des recruteurs. Il laisse donc tomber le foot, et ses études par la même occasion.

– Il n’était peut-être pas plus doué que ça.

– Non. En revanche il manifeste de réelles dispositions pour devenir un sale con. Il cambriole deux fois la maison de son ex parce qu’elle l’a quitté, dont la deuxième fois le soir de Noël pendant qu’ils sont à la messe.

– Un garçon remarquable.

Mais si, vous voyez le genre.

– Il s’en sort sans plus de conséquence, et travaille ensuite comme stadier et dans un casino, puis rate l’examen d’entrée dans la police.

– J’ai envie de dire Dieu merci.

– Ca valait sans doute mieux, oui. En 1982, il a presque trente ans et se décide à passer son diplôme d’embaumeur pour rejoindre l’entreprise familiale. Cependant David trouve que l’embaumement, c’est chiant.

– Le fait est que les clients sont pas bavards. Mais c’est quand même gênant quand on veut en faire son métier.

– Justement. David s’intéresse beaucoup plus à la crémation. Qui a en outre l’avantage, comme on vient de le dire, d’avoir le vent en poupe. David a de grandes ambitions : il veut développer l’activité familiale dans ce domaine, et se tailler la part du lion sur ce marché porteur. Les pompes funèbres Lamb possèdent déjà deux fours de crémation sur le site de Pasadena. Ce sont d’ailleurs les plus vieux en activité à l’ouest du Mississippi, puisqu’ils ont été construits en 1895. David Sconce crée donc une filiale de la société familiale, Coastal Cremations Inc. Elle intervient comme prestataire pour d’autres compagnies funéraires qui ne disposent pas d’un crématorium.

– Bon, d’accord. Entre nous c’est pas idiot comme projet.

– Non. La difficulté c’est que Sconce n’est pas tout seul sur le créneau, loin de là. La concurrence est acharnée, en particulier sur le segment des premiers prix. C’est pourtant celui-là que Coastal Cremations va attaquer, et férocement. Sconce facture 55 dollars par crémation, soit moitié moins que ses concurrents. En outre, l’enlèvement du corps et la livraison des cendres sont gratuits, là où il faut compter entre 250 et 1 000 dollars ailleurs.

– Mais comment il fait ?

– Les deux fours du funérarium Lamb tournent à plein régime, soit 16 à 18 heures par jour, puis quasiment en permanence. Sconce a en outre recruté une équipe de potes, des amis du temps où il jouait au football ou bossait au stade. La plupart sont également d’anciens joueurs, ce sont ses « boys ». Ils sillonnent la Californie du Sud pour démarcher les pompes funèbres, ramener les corps, et ramener les cendres.

Ils ont changé les croque-morts.

Coastal Cremations commence officiellement ses activités en 1985…

– Comment ça officiellement ?

– Euh, alors en fait David s’est lancé en 1982, mais il n’a formellement créé la boîte et déclaré l’activité qu’en 1984.

– Mais c’est pas très très…

– Tuh tuh tuh, l’esprit d’entreprise, la réussite, tout ça. La Californie c’est le pays de Reagan, et je te rappelle que le problème c’est le gouvernement. Pendant la première année d’activité officielle de Sconce, le nombre d’opérations de crémation passe de 194 à 1 675.

– Ah oui, ça c’est de la croissance !

– En 1985, l’entreprise réalise 8 173 crémations pour toute la Californie du sud. Le chiffre d’affaires dépasse le million de dollars.

– Mais attends, comment il fait ? Le gars il débarque, il propose des prix moitié moindres que les autres et il multiplie son activité par 40. Moi je ne vois que deux solutions : ou bien David Sconce est un génie qui a découvert une technologie miraculeuse, ou bien y’a un truc qui pue.

– Disons-le tout net : David n’est pas un génie. Comment fait-il pour réaliser 8 000 crémations par an et des prix défiant toute concurrence ? Ben il enfourne les corps comme du petit bois dans ses fours. En les tassant à coups de masse.

– Mais…quoi ?!

– Le Code de Santé publique interdit rigoureusement de traiter plus d’un corps à la fois, mais on s’en cogne. Donc on y va régulièrement avec des fournées de 5 à 6 dans des fours qui font 92 cm de haut pour 120 cm de large et 240 cm de long, avec des records de plus d’une dizaine de corps en même temps. C’est une compétition permanente entre les boys. Ca ne se limite d’ailleurs pas à ça, David et ses employés font entre eux des concours de porter de cadavre. Comme ça y’a pas besoin d’installer une salle de sports à côté du bureau, tu vois.

– C’est ignoble.

– David résume son approche simplement : « qu’est-ce que ça peut faire, ils sont morts ». A partir de là…

– J’ai un peu peur de poser la question, mais s’ils pratiquent les crémations collectives, y’a aucun moyen d’identifier les cendres ?

– Ah non. Les cendres sont tamisées, puis réparties dans les urnes au poids : autour de 2 kg pour une femme et 3 pour un homme. Les urnes reçues par les familles ne contiennent jamais les cendres d’une seule personne, et peut-être bien pas la moindre trace de leur proche.

– Je ne sais pas comment qualifier ça.

– La petite entreprise est tellement efficace que les boys décident d’affubler leur chef d’un petit surnom affectueux et flatteur. Comme il est devenu le roi de la crémation, ce sera donc « petit Hitler ».

– C’est officiel, ils peuvent porter tous les casques qu’ils veulent, le football américain rend crétin.

– David Sconce devient l’image du golden boy californien, friqué et voyant. Il se pavane dans une corvette dont l’immatriculation est I BRN 4U, autrement dit « je brûle pour toi ». Pendant ce temps-là les boys s’occupent non seulement de faire tourner la boîte, mais aussi de tenir la concurrence en respect. Ils sont à la fois petites mains et gros bras.

– Comment ça ?

– En 1984, la croissance de l’entreprise et les prix qu’elle pratique interrogent. Ron Hast, le rédacteur en chef d’une lettre d’information professionnelle, Mortuary Management, demande à Laurieanne d’attester par écrit que les crémations sont bien individuelles. Or peu de temps après, Hast est tabassé par deux costauds déguisés en policiers, qui lui balancent de l’ammoniaque et de la sauce piquante au visage. L’idée était de l’aveugler pour ne pas risquer d’être identifiés. Sauf qu’ils visent son œil de verre, ce qui permettra leur arrestation par la suite.

– Balaises et pas futés, j’ai quelques soupçons.

– Sans surprise, ce sont des boys de Sconce. L’un d’entre eux plaide coupable, et précise que David l’a payé 700 dollars pour ça. Le 12 février 1985, c’est Tim Waters, un concurrent qui cherchait lui aussi à mener une politique d’expansion agressive et menaçait les Sconce de révéler leurs pratiques, qui se fait amocher par un ex-footballeur qui laisse une carte de visite « Big Men Unlimited ».

– On va leur reconnaître une chose : ils facilitent bien le travail de la police.

– Peut-être que Sconce regrette toujours de ne pas porter l’uniforme. L’homme est évidemment un de ses gars. Il reconnaîtra les faits pendant l’enquête. Il explique qu’il a obéi aux ordres de Sconce, et qu’il a également dépouillé Waters pour faire passer ça pour un vol. Le pauvre Waters n’est cependant pas au bout ses peines.

– Il ne veut pas se taire ?

– Je n’en sais rien, mais il tombe malade et meurt deux mois plus tard. Les causes du décès semblent naturelles.

« Il est mort ? Ca arrive, vous savez. J’en sais quelque chose. Il avait pris des arrangements pour la cérémonie ? »

(oui bon c’est pas nous qui avons dit qu’il ressemblait à Newman, hein)

Cependant un des hommes de Sconce racontera aux enquêteurs qu’il a entendu ce dernier se vanter de l’avoir empoisonné. Une nouvelle autopsie confirme un empoisonnement avec une substance que l’on retrouve dans un médicament pour le cœur. Que Waters ne prenait pas. La substance est également présente dans le laurier rose, notoirement toxique. Ca plus les témoignages… Cependant l’affaire est classée en 1990 puisque les toxicologistes ne peuvent pas établir qu’il y a bien eu empoisonnement au laurier rose.

« J’ai envoyé des fleurs à la famille. »

– Qu’il l’ait fait et s’en soit vanté me semble tout à fait crédible.

– Bien son genre, on est d’accord. En 1986, Sconce cherche à prendre la tête de la Société de Crémation de Californie, forte de 5 000 membres professionnels qui la paient afin qu’elle organise leurs crémations. Plusieurs individus correspondant au profil des potes de Sconce pénètrent dans le bureau du directeur, Franck Strunk, alors qu’il s’apprête à transférer sa société à un autre opérateur, Elie Estephan. Strunk les met en fuite en les menaçant d’une arme.

– Non mais attends, tout ce que tu décris me fait penser à Chicago dans les années 30. Que fait la police ?

– Alors pour ce qui est de ces agressions et autres il va falloir un petit peu de temps. Pour le reste, c’est-à-dire les activités totalement illégales de Coastal Cremations, il faut bien voir qu’à l’époque, la Californie disposait en tout et pour tout de DEUX inspecteurs en charge du contrôle des pompes funèbres. Et manque de bol, y’a jamais personne sur place s’ils décident d’une visite inopinée. Autrement dit, il y a peu de chance que les autorités prennent les employés de Sconce à entasser les corps dans les fours. Ou à faire du trafic d’organes.

– Pardon ?!

– Ah ben oui, à partir du moment où tu considères le cadavre comme une matière première, ce serait dommage de ne pas l’exploiter pleinement. Et c’est l’occasion de souligner que David n’est pas le seul de la famille à piétiner allégrement la légalité. En 1985, les Sconce, parents compris, fondent la Coastal Eye and Tissue Bank. D’après les chiffres récupérés au moment de l’enquête, en l’espace de trois mois, le funérarium familial de Pasadena a vendu 136 cerveaux, 145 cœurs, et 100 poumons à une entreprise qui fournit les facs de médecine et entreprises de recherche. Laurieanne fait signer aux familles des documents de don d’organes sans leur dire, voire contrefait les signatures des proches. David revend de son côté les bijoux et implants dentaires en or à des joailliers, jusqu’à 6 000 dollars les bons mois.

– Innommable.

– Et sale, aussi. Les sternums sont cassés à coups de pieds de biche pour récupérer les organes, on fait sauter les mâchoires et les dents au tournevis et au marteau. David parle de « faire chanter les pinces ».

– J’en peux plus de ce type. Dis-moi comment il est tombé, vite.

– Coastal Cremations subit une sévère déconvenue fin 1986. Le 23 novembre, deux salariés du crématorium d’Altadena font preuve d’une remarquable conscience professionnelle.

– Eh ben ce serait bien la première fois.

– Non, je veux dire par là qu’ils font de leur mieux pour améliorer encore la productivité de l’entreprise. A savoir battre le record de crémations combinées. Ils entassent en tout 38 corps dans les deux fours. L’un des deux employés raconte qu’il a dû casser une jambe à coup de masse pour tout faire rentrer. Résultat la cheminée est bouchée, provoquant un incendie qui détruit le site.

On veut aller vite, on oublie de passer par le broyeur.

– BIEN. FAIT.

– Indéniablement. Sconce met alors en activité deux fours installés à Hesperia, dans le désert à une quarantaine de kilomètres de San Bernardino. Attention, ce n’est pas un crématorium. Du tout. Il s’agit officiellement d’une fabrique de céramique, Oscar Ceramics, qui fournit des tuiles à la NASA pour ses navettes spatiales. Bien sûr, c’est une couverture, mais par conséquent on ne fait même plus semblant : les corps sont brûlés à l’essence, dans des fours industriels.

– Enfin quand même, ça doit un peu se voir que c’est pas un atelier de matériaux de haute technicité.

– Pfff, le site est perdu dans le désert californien. Il y a bien une petite ville à côté, mais elle n’est essentiellement peuplée que des retraités et de vétérans.

– Ils peuvent passer du temps à la fenêtre les retraités.

– De fait, ce sont eux qui vont faire dérailler toute la machine. Alors que le site opère depuis deux mois, soit le 20 janvier 1987, le responsable local des pompiers, Will Wentworth, est contacté par un ingénieur en charge de la qualité de l’air pour le district de San Bernardino, Richard Wales. Wales a été appelé par un voisin à propos d’Oscar Ceramics.

– Il a vu quelque chose ?

– Senti, plutôt. Ce brave citoyen alerte Wales, selon lui ils brûlent des trucs pas catholiques. L’ingénieur lui confirme que c’est un atelier de fabrication industrielle. Et il reçoit la réponse suivante : « Ne venez pas me dire qu’ils ne brûlent pas des corps là-dedans. J’étais à Auschwitz. »

– La température vient de perdre 50°C.

– Le pompier se rend sur place. Il ouvre la porte de l’une des fournaises, et se trouve nez-à-nez avec un pied.

– Un pied de nez, quoi.

– Les murs sont noircis par une épaisse suie caractéristique de la combustion de graisses corporelles, le sol est recouvert de « fluides corporels divers », et les poubelles sont remplies de cendres humaines et de prothèses et implants. Autant te dire que là la police s’en mêle.

Ca tombe bien, on n’avait vraiment pas envie d’entrer.

– Pas trop tôt.

– Les Sconce sont jugés au printemps 88 pour 69 chefs d’accusations, dont le vol d’organes, la crémation illégale, la mutilation de corps, la falsification de certificats de décès, plus des attaques contre trois de leurs concurrents pour David. Qui va avoir droit à du rabe, puisqu’au même moment, en mai, le nouveau locataire de son ancienne résidence découvre en faisant des travaux l’équivalent de deux grands cartons de restes humains, cachés dans un recoin de la baraque. Des os, des dents, des couronnes dentaires, des morceaux de crânes, des fils de pacemaker.

– Mais il en faisait qu…non, attends, réponds pas en fait.

– Dans un bel esprit de famille, les parents chargent allégrement leur brillant rejeton. Ils sont condamnés à 3 ans et 8 mois, tandis que David Sconce prend 5 ans de prison en septembre 89.

– Seulement ?!

– C’est comme ça. Il doit bien se tenir puisqu’il est libéré en 1991. Dans le même temps, des milliers de familles de décédés lancent de leur côté une action collective contre une centaine d’entreprises de pompes funèbres ayant eu recours aux services des Sconce. Elles considèrent que les prix pratiqués auraient dû les alerter.

– Ca se tient carrément.

– La défense explique que tout le monde faisait confiance à la société Lamb, une référence établie depuis longtemps. L’affaire est soldée en 1992 pour 15,5 millions de dollars. Suite au scandale, la Californie adopte une nouvelle loi pour permettre des contrôles et inspections plus serrés des entreprises funéraires.

– C’est très bien tout ça, mais l’autre fumier n’a passé que deux ans derrière les barreaux quand même.

– Il n’en reste pas là. David Sconce est à nouveau arrêté et jugé en 1994 pour la vente de faux tickets de bus en Arizona. En 1997, il est jugé pour avoir commandité le meurtre d’un concurrent du temps de sa splendeur. Il plaide coupable, et est condamné à la liberté conditionnelle à vie en Californie. Mais il part s’installer au Montana en 2006 sans permission, et se rend encore coupable de vol. Il est alors extradé vers la Californie en 2012, et est condamné à une peine d’emprisonnement de 25 ans à perpétuité.

– J’aime mieux ça.

– Avec possibilité de conditionnelle à partir de 2022. Je te tiendrai au courant, si tu veux.

– Je m’en passerai, merci. Attends, je peux revoir le papier que tu m’as fait signer ?

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