Ferme les yeux, ouvre la bouche (4/4)
Bien, il est temps de finir notre feuilleton (dont vous pouvez évidemment retrouver les épisodes précédents là, ici, et encore là). Pour cela, nous vous proposons des recettes (éprouvées à grande échelle !) pour améliorer vos performances. Bon, il est possible que vous puissiez, euh, en mourir un petit peu. Faut savoir ce qu’on veut.
Panzerschokolade
J’imagine que maintenant vous avez tous entendu parler de la méthamphétamine. Et de ses terribles effets sur la santé. Vous savez ce que vous devenez si vous en prenez. A savoir, si vous étiez un Allemand pendant la Deuxième Guerre Mondiale, un super-soldat. Transformer des humains de base (y compris les membres d’une prétendue race supérieure) en machines à tuer implacables a toujours été le rêve de nombreux militaires. Mais les discours racistes et enflammés n’ont qu’un effet limité, et après l’échec de l’opération « Arche d’alliance », l’Allemagne nazie avait besoin de faire monter ses troupes en niveau si elle voulait les envoyer conquérir l’Europe. Qui ne voudrait pas de légions de soldats infatigables, insensibles à la peur, et über-agressifs ? Toute personne saine d’esprit, me direz-vous, mais l’expression « personne saine d’esprit » n’a jamais trop correspondu aux scientifiques nazis.
La solution était donc la Pervitin. Plus connue dans les régiments comme le panzerschokolade. Et on ne va pas se mentir, avec un nom pareil on en achèterait tous, même si on n’a pas de problème avec la Pologne. Accessoirement, la Pervitin est aussi appelée méthamphétamine.
La drogue permettait notamment aux soldats de rester éveillés, alertes, et de ne pas se fatiguer. Plus de 35 millions de tablettes furent ainsi distribuées à l’armée allemande, en particulier pendant les premières phases de la guerre, c’est-à-dire l’invasion de la Pologne et de la France. Il est apparu par la suite, surprise surprise, que mettre toute l’armée à la méth n’était peut-être pas une si bonne idée (quoi ? une mauvaise idée, de la part de scientifiques nazis ? j’y crois pas !). Les soldats avaient en effet besoin de plus en plus de « pilules miracles » pour rester éveillés, devinrent accros, puis commencèrent à bénéficier de tous les effets secondaires marrants : étourdissements, dépressions, et hallucinations.
Et voilà pourquoi la Pervitin n’est pas restée dans l’histoire comme la réponse allemande à Captain America.
La caféine victorienne
La strychnine est…disons que c’est une belle saloperie. Pour vous donner une idée, elle est utilisée pour tuer les rats, mais certains pensent que c’est quand même un peu trop cruel pour eux. Pour résumer, l’empoisonnement à la strychnine provoque de violents spasmes musculaires, puis la suffocation quand les muscles qui permettent la respiration s’arrêtent. Mais vous restez conscients. Conscients et souriants, puisque les muscles du visage restent crispés. Vous avez dit Toxine du Joker ?
Donc c’est un produit particulièrement dangereux, et vous n’en voulez certainement pas autour de vous. Ou en vous. Sauf si… Vous savez pourquoi elle provoque des convulsions musculaires ? Parce que la strychnine augmente la sensibilité et la rapidité des nerfs et neurotransmetteurs à répondre au moindre stimulus. Les spasmes s’expliquent simplement par le fait que le moindre bruit, la moindre lumière, provoque une violente réaction.
Eeeeeeeet c’est précisément cette propriété qui fit de la strychnine un stimulant particulièrement populaire à la fin du XIXème. Vous aviez besoin de rester éveillé, ou d’un tonic pour passer un exam ou autre ? Allez, un peu de strychnine. La caféine de l’époque, en quelque sorte. Disponible en comprimés ou sirops, pour vous filer un petit coup de fouet. Ou vous doper, parce que bien sûr on s’en est servi pour se doper.
Pendant les JO de Saint-Louis, en 1904, le marathonien américain Thomas Hicks connu un sérieux coup de pompe après à peine 30 km (pfff, quelle tanche). Son entraîneur lui a alors filé 1 mg de sulfate de strychnine. A deux reprises. En vertu de quoi Hicks s’est écroulé. Après avoir franchi la ligne d’arrivée. En première position.