Sessue le sensuel

Sessue le sensuel

– Et c’est alors que…ça va ?

– Mais… oui oui. Je t’en prie, continue.

– Donc à ce moment l’archevêque sort du placard, et tombes nez-à-nez avec… Non, écoute, dis-moi franchement si ça t’intéresse pas.

– Pas du tout ! Au contraire.

– Au contraire mes fesses, tu penses manifestement à autre chose.

– Ok, c’est vrai que j’ai un peu la tête ailleurs.

– Suffit de le dire, ça peut attendre. Qu’est-ce qui te préoccupe ?

– Ben c’est-à-dire que là, les résultats viennent de tomber.

– Les résultats ? Attends, y’a pas de match ce weekend, et ça fait u moment que tu as passé le bac.  Quels résultats ?

– Le plus simple c’est que je te montre.

– Je t’en prie.

– Bouge pas, donne-moi une minute, je me connecte… Voilà, ça arrive.

– Je vois bien ce que je vois ? Le classement de l’homme le plus sexy de l’année ?

– Oui, quoi ?

– Rien, excuse-moi, c’est que depuis le temps je pensais te connaître un peu. Je suis un rien décontenancé de découvrir qu’au fond, tu es une collégienne énamourée. Ca me surprend un tantinet.

– Mais non, ne sois pas idiot. Je veux juste vérifier.

– Vérifier ? Je peux te le dire tout de suite, je pense qu’ils t’ont encore oublié cette année.

– Justement !

– Oui, en effet, c’est juste.

– Non, au contraire.

– Euh…non…c’est, comment dire… Je ne voudrais pas que tu le prennes mal, mais on ne peut pas crier à l’injustice. Je veux dire, tu n’es pas assez…mmm…connu.

– Non mais attends, je ne m’attendais pas à trouver ma trombine en tête de classement. Quand même. Dans les 20 premiers je ne dis pas, mais pas mieux.

– Uh uh.

Faut être honnête, il ne s’en tire pas si mal.

– Ce que je veux dire, c’est qu’il faut quand même bien admettre que c’est à peu près toujours le même type de physique, quoi.

– Non, tu peux pas dire ça.

– Mais si. Je t’accorde qu’il y a un peu plus de variété, mais enfin il reste quand même assez simple de dresser le portrait-robot du beau gosse hollywoodien.

– Je proteste.

– Et moi je maintiens que tu as tort. C’est globalement le même modèle depuis, pfff, le début.

– Pas du tout. Je te rappelle que l’un des tous premiers sex symbols d’Hollywood, sinon le premier, était japonais.

– Pardon ?!

– De toute évidence, tu ne connais pas Sessue Hayakawa.

– Non, en effet.

– Voilà, on râle avant de se renseigner.

– Eh bien je t’en prie, fais les présentations.

– De son vrai nom Kintaro Hayakawa, il nait le le 10 juin 1889, dans le village de Nanaura, préfecture de Chiba. Où son père est gouverneur provincial. Il appartient de fait à une famille de samurais. Par conséquent, son paternel le destine à une carrière d’officier de marine, et il intègre l’académie navale. Par ailleurs, il pratique notamment le jiu jitsu et le kendo.

– Jusque-là c’est logique.

– Oui, mais ça tourne mal. A 17 ans, il relève le défi un peu idiot d’un pote, parce qu’il a 17 ans, et plonge au fond d’un lagon. Et en remonte avec un tympan en moins.

– Aïe.

– Comme tu dis. Il est désormais pour ainsi dire à moitié sourd, et ses espoirs de carrière militaire s’envolent. Les relations se dégradent avec son père, qui n’est pas loin de le renier. Ce qui pousse Kintaro à envisager le suicide. Et quand je dis envisager, il fait plus que ça et passe à l’acte.

– Alors qu’il faudra attendre encore plusieurs décennies pour que le suicide fasse partie du cursus de la marine japonaise.

– La légende veut que pour faire comme un samurai, il ait décidé de se faire seppuku.

– Comment ça la légende ?

– La tentative de suicide est établie, en revanche les documents que j’ai pu compulser fiévreusement indiquent qu’il se serait lardé le bide à 30 reprises, sans succès, avant que sa famille alertée par le chien vienne mettre un terme à ce qui devait être un truc bien dégueu. Et je ne te cache pas que le coup du gars qui s’inflige une trentaine de coups de couteau dans la bidoche sans y rester, je suis un peu suspicieux.

– J’ai tendance à être d’accord.

– Toujours est-il que Kintaro survit, de toute évidence. Et qu’il convient de lui trouver une autre trajectoire professionnelle, puisqu’il ne sera pas officier de marine. Il opte pour la banque, et après s’être retapé il part donc étudier l’économie politique à l’université de Chicago, puisque l’éducation qu’il a reçue l’a rendu tout à fait fluent en anglais.

– Ok, direction l’Amérique.

– Voilà. Kintaro arrive à Chicago en 1911, étudie, joue au football américain, et obtient son diplôme. Et dans la catégorie « économistes formés à Chicago », c’est certainement l’un des plus sympathiques. Il revient au Japon en 1914 à la mort de son père, mais n’y reste pas. Sa vie est aux Etats-Unis, où il a trouvé sa vocation.

– L’économie, donc.

– Pas du tout. Alors qu’il se trouvait en vacance à Los Angeles pendant ses études, il a assisté à une représentation théâtrale dans le quartier de la Petite Tokyo. Il est conquis, et se lance sur les planches sous le (pré)nom de Sessue. Manifestement, il n’est pas mauvais, au point qu’un producteur de cinéma qui assiste à une représentation de la pièce Typhoon veut en faire un film, avec la distribution d’origine, Sessue compris.

– Fantastique, le rêve de tout aspirant acteur.

– En fait, non. Sessue se préoccupe surtout de retourner à Chicago pour la rentrée, et demande donc un cachet de 500 dollars. C’est une somme ridiculement élevée pour l’époque, dont il s’attend par conséquent à ce qu’elle ne soit pas acceptée. Mais si. Le film sort en 1914, et c’est un succès.

– Fantastique, le rêve de tout aspirant acteur.

– Cette fois, oui. Il décide donc de s’y consacrer. Il tourne encore deux films avec le même producteur, notamment La Fureur des Dieux, dont on pourrait penser qu’il a été écrit par Manowar mais même pas. C’est à cette occasion qu’il rencontre sa future femme, l’actrice japonaise déjà un peu plus installée Tsuru Aoki.

Ici sur le point d’envoyer une dévastatrice attaque d’éventail de guerre.

– Tout s’annonce plutôt bien, on dirait.

– Carrément, puisqu’il est contacté par Jesse Lasky, qui lui propose un contrat pour rejoindre sa compagnie Famous Players-Lasky, qui deviendra Paramount. C’est ainsi qu’il va pouvoir tourne en 1915 le film qui va vraiment faire de lui une star.

– Ca ne traîne pas.

– Non. Le film en question est The Cheat, Forfaiture en français. Il est signé Cecil B. Demille, et Sessue y joue…un sale type. C’est un truand, plus exactement un usurier. Une jeune femme contracte des dettes de jeu, et se retourne vers lui pour les régler.

Croyez-le ou non, c’est une mauvaise idée.

Comme elle n’est pas plus en mesure de le rembourser, il lui fait comprendre qu’il est prêt à se payer sur la bête. Elle refuse, en conséquence de quoi il la marque au fer rouge à l’épaule.

– QUOI ?!

– Mais oui.

– Mais c’est violent. Et abject.

– Tout à fait. Les spectatrices adorent.

– Pardon ?

– Ecoute, j’entends que c’est pour le moins troublant et discutable, et en tout état de cause ne faites évidemment pas ça chez vous, mais les témoignages de l’époque, et les résultats au box-office, sont établis. C’est peut-être parce que la libération des mœurs commence tout juste et que l’époque est encore bien conservatrice, mais ce personnage à la fois charismatique et malsain, exotique et cruel, qui incarne le fruit défendu (l’étranger) et une forme de fantasme de la possession, fait chavirer les cœurs des spectatrices, essentiellement des femmes blanches. La scène du marquage au fer, toute violente qu’elle est, bénéficie manifestement d’une réception très positive auprès de ce public.

– Hé ben.

– Je ne prétends pas expliquer et surtout je ne veux pas juger les fantasmes des uns des autres. Ce n’est certainement pas la dernière fois qu’un personnage de méchant devient objet de fantasme.

On sait sous à qui vous pensez

Le fait est que Sessue fait sensation.

Il est tellement…méchant.

– Bon ben tant mieux pour lui, hein.

– De fait, il devient très rapidement un authentique sex symbol. A l’époque, le Japon est en vogue aux Etats-Unis depuis le début du siècle, suite à son ouverture à l’occident. Les Américains s’intéressent à la culture du pays du soleil levant, oriental et mystérieux. Sessue en bénéficie certainement. Il tire son succès de son caractère exotique, et de ses rôles d’homme sombre et sexuellement dominateur. Bon et puis à la base il a quand même pas un physique dégueulasse.

« On va chez moi ? J’ai un brasero. »

– Mais il ne va quand même pas tout le temps tourner les sales types lubriques.

– Eh ben…Non, mais on parle quand même des Etats-Unis dans les années 1910. Il est hors de question qu’un Japonais soit le personnage principal, celui qui « finit avec la fille » à la fin de l’histoire. Donc Sessue alterne entre les rôles du même type que dans Forfaiture, et les personnages sympathiques et altruistes, les amoureux héroïques qui se sacrifient pour que celle qu’ils aiment puissent être réunie avec celui qui est le bon pour elle.

– L’autre acteur, celui qui est américain.

– C’est ça. Cela dit il serait faux de dire que Sessue est limité au personnage du Japonais un peu stéréotypé.

– Ah, bien.

– Non. Tu vois, il est étranger, exotique, tout ça. Donc bon, il peut jouer à peu près tous les étrangers, n’est-ce pas ?

– Ben…non ?

– Si si. Sessue interprète ainsi des Indiens dans The Victoria Cross ou Each to his kind. Dans An Arabian Knight, il est Ahmed, un noble Arabe.

Bluffant.

Et dans The Jaguar’s Claw, qui d’autre que Sessue Hayakawa pour camper le redoutable bandit mexicain El Jaguar ?

Quel sombre héros !

A propos de ce film, Sessue raconte que pendant le tournage, les figurants se mettent minables la veille d’une journée de boulot, et ne sont pas en état de travailler le lendemain. Ca gonfle Sessue, qui leur passe un savon. Deux le prennent mal et vont pour lui en coller une, et il les envoie voler, en en laissant un inconscient. Impressionnés par le fait qu’un (relativement) petit gars vient de botter les fesses de deux gaillards, ils se mettent au turbin.

– Ces castings n’en restent pas moins un peu ridicules.

– J’en conviens. Toujours est-il que Sessue est une vedette. Son salaire passe de 150 à 500 à 1 000 à 7 500 dollars par semaine. Le public, notamment féminin, se rue pour le voir. Au sortir de la Première Guerre, la popularité de Sessue Hayakawa rivalise avec celle de Charlie Chaplin ou Douglas Fairbank. Il se fait construire un manoir dans Hollywood et y organise des soirées somptueuses et extravagantes, et conduit une voiture plaquée or. Sessue fascine, y compris du fait de son jeu.

– C’est-à-dire ?

– On est par définition à l’époque du muet. La pratique des acteurs est alors d’accentuer les poses et attitudes façon un peu outrée. Sessue décide d’opter pour une autre approche, qui lui vient de son pays natal.

C’est pas le genre du Japon d’accentuer les expressions.

Il s’inspire du zen. Il cherche au contraire à pratiquer le muga dans son interprétation. Il s’agit de l’idée que l’ego n’a aucune substance propre distincte de l’univers. Le muga est le non-soi, ce qu’il traduit en matière de jeu par la recherche de « l’absence de faire ». Ce qui en fait évidemment mon maître en matière d’attitude professionnelle.

– Nous sommes deux.

– Et évidemment, cette sobriété et cette réserve renforcent son caractère mystérieux, donc séduisant. Bref, Sessue Hayakawa est le sex symbol étranger d’Hollywood, précédant en cela Rudolph Valentino dont il va en quelque sorte lancer la carrière.

– Comment ça ?

– Je vais y venir. Les choses vont pour le moins bien pour Sessue, mais il aimerait quand même bien jouer un peu autre chose. Il est d’ailleurs possible qu’il ait pour cela été un peu aiguillonné par la réception sensiblement moins positive de ses films auprès des Américains d’origine asiatique, et des Japonais eux-mêmes.

– Ils  n’étaient pas particulièrement fan de l’image très stéréotypée qu’il donnait d’eux ?

– Non, même si de fait c’étaient les seuls rôles qu’il avait la possibilité de jouer en vertu des contraintes des codes de production. En 1915, le journal japonais de Los Angeles Rafu Shimpo invite ses lecteurs à boycotter The Cheat. Au Japon il est d’abord vu comme un traître coupable d’humiliation nationale. Ce qui le conduit en 1918 à présenter des excuses et à monter sa propre boîte de production, Haworth Pictures. L’objectif est de montrer des personnages plus positifs.

– Ca me semble plutôt une bonne idée.

– Tout à fait. Haworth Pictures a pour mission principale de mettre Sessue en avant. Elle sort en tout 23 films, dans lesquels il joue, produit, écrit, et dirige. Il contribue aussi aux décors les pinceaux à la main. La plupart du temps sa partenaire à l’écran est Marin Sais, qu’il a personnellement choisie pour ce rôle. Mais même dans ses films, ce n’est pas son personnage qui finit avec elle. Ca ne se fait pas. Les seules fois où la protagoniste lui tombe dans les bras, c’est quand cette dernière est interprétée par sa femme Tsuru Aoki, comme dans le Dragon Painter en 1919. Qui connaît un beau succès. Haworth Pictures marche remarquablement bien, puisque Sessue dégage des revenus annuels de l’ordre de 2 millions de dollars, soit presque 30 au cours actuel.

– Il n’y a pas à se plaindre.

– Un peu quand même. En 1920, Players-Lasky le sollicite encore pour jouer dans le film Le Sheik.

– Ah ben oui, un rôle manifestement fait pour lui.

– De toute évidence. Mais ça ne lui dit rien.

– Il ne va pas se vendre pour un sheik.

– Non, il n’a pas envie de jouer encore un amant interdit et préfère s’abstenir. En tout logique, le personnage d’Ahmed Ben Assan échoit donc à un jeune acteur italien devenu à son tour la sensation auprès de ces dames, Rudolph Valentino. C’est une forme de passage de témoin.

– De toute façon j’imagine que maintenant qu’il a sa société et qu’elle tourne bien, Sessue n’a aucune raison d’aller voir ailleurs.

– Malheureusement si. Les mentalités évoluent, et pas toujours dans le bon sens. Pour le dire autrement, le Japon n’a plus si bonne presse aux Etats-Unis. Quand Sessue a commencé sa carrière, les Chinois étaient classifiés comme « non-blancs », et ne pouvaient légalement devenir citoyens, ou propriétaires, ou voter. Les Japonais n’étaient pas visés par de telles discriminations. Cependant le vent tourne et l’hostilité à leur égard se développe. Ils seront ainsi visés par ce type de mesures à partir de 1922. Sessue n’apprécie pas particulièrement cette évolution, et il en a aussi sans doute marre de ne pas pouvoir faire ce qu’il veut y compris dans ses propres films. Alors il quitte Hollywood dès 1921. Il part d’abord à New York, où il a un enfant d’une femme qui, euh, n’est pas la sienne.

– Ah ben bravo.

– Tu sais, c’est pas facile de résister aux tentations quand on est un sex symbol.

– Non, je ne sais pas, et toi non plus d’ailleurs.

– Oui ben en attendant son épouse passe manifestement l’éponge puisqu’ils resteront ensemble jusqu’à sa disparition. En 1923 il part au Japon, où il fait la connaissance de Paul Claudel, alors ambassadeur de France, puis passe quelque temps à Londres avant de s’installer en France. Où il obtient un grand succès. Il joue au théâtre et dans 17 films, y compris avec les réalisateurs les plus reconnus, comme par exemple Max Ophuls. Les critiques écrivent des pages enthousiastes sur sa présence et son jeu.

– Ah ça, les films à base « d’absence de faire », c’est une grande tradition nationale.

– C’est un art, monsieur. En fait c’est toute l’Europe qui est conquise. Entre 1924 et 1925, alors qu’il est à Paris, Sessue écrit en français le roman l’Aigle de Mandchourie, qui ne trouve cependant pas d’éditeur. En 1926, publie en anglais le Prince Bandit, qui en reprend certains éléments et est adapté au théâtre. En 1930 il joue la pièce Samurai, écrite pour lui, devant les souverains britanniques George V et Mary. La même année, il adapte les Trois Mousquetaires pour le théâtre au Japon.

– Et on peut être certain que ce n’est pas la pire adaptation des Trois Mousquetaires de l’histoire.

Si vous pensez que c’est mauvais, dites-vous qu’il y en a un avec Vincent Cassel dans les tuyaux.

– Non, y’a sans doute de la marge. Pendant ce temps, aux Etats-Unis, le funeste code Hays vient écrire noir sur blanc ce qui était déjà de fait la règle tacite : les relations interraciales à l’écran sont interdites. Quelqu’un comme Hayakawa ne peut avoir de « relations romantiques » qu’avec une actrice également asiatique.

– Reste chez nous Sessue.

– C’est bien ce qu’il fait. Le couple Hayakawa/Aoki adopte d’ailleurs trois enfants pendant qu’ils sont en Europe. En 1937, Sessue entame une série de représentations au théâtre en France, et se retrouve par conséquent coincé trois ans plus tard quand les Allemands viennent confisquer toutes les places et ce qu’il y a autour.

– Au moins en tant que Japonais il peut espérer qu’ils ne vont pas trop lui casser les pieds.

– Possible, mais il prend les devants. Officiellement, il vit pendant l’Occupation de la vente d’aquarelles, parce que monsieur touche un peu du pinceau. Officieusement, il rejoint la Résistance.

– Pourquoi officieusement, y’a un doute ?

– Ben je n’ai pas pu trouver grand-chose sur ce qu’il a effectivement fait à ce titre. Tu me diras que par définition un combattant de l’ombre efficace est celui dont on ne soupçonne jamais les activités clandestines.

– Moi ça me va bien de l’imaginer comme le ninja de la Résistance.

– Ah ben c’est sûr que quelqu’un capable comme lui de se faire passer un jour pour un Mexicain et le lendemain pour un Arabe, ça peut être utile. Certains disent qu’il était actif sous le nom de Péril Jaune, mais franchement ça me paraît un peu gros.

– Je suis d’accord.

– Cela dit, il a semble-t-il été arrêté par la Gestapo, et c’est une intervention de l’ambassade du Japon qui lui a sauvé la mise.

– Echange de politesses entre puissances de l’Axe.

– C’est ça. Après la guerre il revient faire quelques films aux Etats-Unis. Ainsi en 49, Humphrey Bogart lui propose un rôle dans Tokyo Joe. Il lui faut donc un permis de travail aux Etats-Unis, ce qui implique une enquête du consulat des Etats-Unis. Qui conclut qu’il n’a en rien contribué à l’effort de guerre allemand, donc a minima il s’est bien comporté.

– Je n’en doutais pas.

– Pour autant Sessue ne retrouvera jamais sa gloire d’autant. Même si en termes de reconnaissance de la profession il atteint le sommet de sa carrière en 1957 avec sa nomination aux Oscars pour le (second) rôle du colonel Saito dans le Pont de la rivière Kwaï.

Son personnage est méchant, mais au moins il ne marque pas les prisonniers au fer.

– Ha, Le Pont de la rivière Kwaï. Ma première contrepèterie, juste avant Conan le Barbare.

– Sessue Hayakawa devient ainsi le premier acteur asiatique nominé aux Oscars. Mais il est aussi le seul de tous ceux du film, il y en avait un petit paquet, à ne pas obtenir le prix. En 1961, à la mort de sa femme, Sessue devient maître zen et professeur de théâtre.

– Aujourd’hui, nous allons apprendre à ne rien faire.

– C’est toute une discipline. Il quitte définitivement le cinéma en 1966 pour se consacrer à ces activités, après avoir joué son dernier rôle pour Disney dans les Robinsons des mers du sud. Au total, il a tourné dans plus de 80 productions, plus les pièces théâtre. Puis il meurt d’une pneumonie en 1973.

– Eh bien je crois qu’il est temps pour un nouveau sex symbol atypique. Je sais déjà ne rien faire.

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One thought on “Sessue le sensuel

  1. Ah c’est marrant parce que l’art d’en faire le moins possible quand on est à l’écran, c’est aussi le style de Takeshi Kitano (ou Kitano Takeshi si on le nomme à la japonaise ^^).
    De là à dire qu’il est un sex-symbol…. disons qu’il fascine, je crois.

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