Kate Warne, la première privée
– Dis, juste une question comme ça…
– Tu n’imagines pas à quel point ces quelques mots me mettent sur mes gardes.
– Mais non, allons, est-ce que j’ai l’habitude de…
– Oui.
– J’avais pas fini.
– Je suis parti du principe que tu allais citer un exemple de comportement pénible, donc oui.
– Bien, nous sommes sur de bonnes bases. Donc, est-ce que par hasard tu n’étais pas le plus diligent quand il s’agissait de ranger ta chambre à cette époque désormais lointaine où on pouvait encore espérer que tu tournerais bien ?
– Tu as déjà vu mon bureau, je crois.
– Non, justement, le bureau lui-même je ne l’ai jamais aperçu.
– Tu as ta réponse.
– Je ne suis pas surpris.
– Ah parce que toi tu es un modèle dans ce domaine.
– On ne parle pas de moi, n’essaie pas de changer le sujet !
– Oui bon ben que veux-tu que je te dise, je suis adepte du rangement dynamique.
– Voilà, et en attendant, qui doit passer derrière ?
– Je, euh, personne. Personne ?
– …
– Non, arrête, j’aurais remarqué si tu rangeais derrière moi.
– Ranger ? Ah non, certainement pas. Ma religion me l’interdit.
– Il est bizarre ton culte.
– Non mais dis donc, ne t’avise pas de dire du mal de l’Eglise de Jennifer Connelly Rédemptrice.
– Amen.
– Je ne range pas, mais je dois bien passer derrière pour finir
– Finir quoi ?
– Monsieur mentionne des faits et événements qui mériteraient certainement des développements, comme ça en passant, mais n’y reviens jamais. Il faut bien que quelqu’un s’y colle et creuse un peu.
– Je taille la route, c’est comme ça. C’est mon esprit pionnier.
– Et moi je fais la voiture-balai.
– D’accord, et tu balaies quoi aujourd’hui ?
– Kate Warne.
– Ca me dit vaguement quelque chose.
– J’espère bien, c’est toi qui l’as mentionnée la première fois. Comme ça, au détour d’une phrase. Une passade, et puis plus rien, tu n’as jamais redonné signe.
– Euh, possible.
– On me dit que tu es coutumier du fait.
– Pfff, s’il fallait que je me souvienne de toutes celles que j’ai…
– Ca ira. Tu n’as pas oublié Allan Pinkerton ?
– Le fondateur de l’agence de détective privée la plus célèbre des Etats-Unis ? Certainement pas.
– Bien. Un jour de 1856, Allan voit débarquer dans son bureau de Chicago une jeune femme, qui vient pour un boulot. Ce qui le surprend un peu, puisqu’aucun poste de secrétaire n’est alors ouvert. Il s’avise donc de lui expliquer qu’il est désolé, mon petit, mais il peut rien pour elle. Ce à quoi elle répond qu’il y a un malentendu.
– Il y a un poste ouvert ?
– Assurément, puisque l’agence a passé une annonce dans le canard local. Comme quoi elle recherche des détectives. Pinkerton le lui confirme, mais ajoute qu’il n’a pas pour habitude de recruter des femmes pour ce travail. Ce qui est un peu un euphémisme, puisqu’en réalité il ne l’a jamais fait.
– Il serait peut-être temps de changer.
– C’est exactement ce que lui répond l’impétrante.
– Attends, c’est qui cette demoiselle, déjà ?
– Kate Warne. Elle est née en 1833 à Erin, dans l’état de New York. On ne sait pas grand-chose de sa jeunesse. Son père était prêtre, et manifestement elle aurait voulu être actrice. Au lieu de ça, elle est…veuve.
– Moins glamour.
– Et dans la déch’. Elle a déménagé à Chicago, cherche du boulot, et est convaincue que Pinkerton devrait faire une exception pour elle.
– Et pourquoi donc, je vous prie ?
– Kate souligne que précisément parce qu’elle est une femme, elle pourra apporter à l’agence des atouts uniques. Personne ne la soupçonnera d’être une détective. Elle pourra contacter et gagner la confiance d’autres femmes pour le besoin des enquêtes. Elle passera plus facilement inaperçue, et ira chercher des informations là où aucun de ses collègues ne le pourrait. Autrement dit elle propose de tirer avantage de son invisibilité sociale.
– Ca se défend.
– Par ailleurs, elle explique que les hommes ont facilement tendance à se vanter et parler en présence de femmes.
– Ah ça, c’est vrai. Je me souviens quand on avait accueilli cette petite stagiaire, tout l’encadrement papillonnait autour, c’était ridicule. Du coup pendant qu’ils avaient la tête ailleurs j’ai pu aller me servir dans le minibar du patron.
– Uh uh, tu m’en diras tant. Continue, je t’en prie.
– D’ailleurs une fois…hé, stop !
– Pinkerton est sensible à son argumentaire. Il écrit dans ses mémoires que ça ne s’était jamais fait, mais qu’après tout il vivait alors dans un pays et une époque progressistes, donc pourquoi pas. Et il décrit Kate ainsi : « ses traits, bien que n‘étant pas à proprement parler beaux, traduisaient un intellect certain ».
– Non mais elle est jolie ?
– Tu verras, elle est vraiment intelligente.
Il ajoute qu’elle possède par ailleurs une physionomie franche et qui inspire confiance.
– C’est plutôt pas mal pour obtenir des informations.
– Effectivement, et Kate devient ainsi la première détective privée du pays. Un collègue de l’agence écrira plus tard qu’elle était également particulièrement douée pour jouer des rôles et endosser d’autres personnalités. Et elle va rapidement se trouver à pied d’œuvre.
– Une enquête pour la détective Warne ?
– Précisément. En 1858, Kate est dépêchée à Montgomery, dans l’Alabama. L’agence a été mandatée par la Adams Express Company, une société de livraison. Cette dernière soupçonne des détournements de fonds en interne. Il y a des expéditions qui se perdent en route.
– Ils menaient des enquêtes pour ça à l’époque ?! Je connais des sociétés qui finiraient ruinées de nos jours.
Mais on lui accorde les 3 points.
– Kate se fait passer pour une locale, ce qui implique d’adopter l’accent du sud, et se lie avec Mme Maroney, femme du principal suspect, un livreur de la société. Son approche fonctionne, au point de non seulement établir la culpabilité et d’envoyer Maroney au frais pendant 10 ans, mais de récupérer également l’essentiel des sommes volées (39 515 dollars sur 50 000). L’enquête fait les premières pages du New York Times.
– Bien joué.
– Pinkerton reconnaît qu’elle a largement dépassé ses attentes, et qu’elle constitue un atout inestimable. Il est d’ailleurs tellement convaincu qu’il décide en 1860 de créer une branche féminine, sous la responsabilité de Kate. Elle recrute ainsi plusieurs collègues qui s’illustreront comme espionnes pendant la Guerre de Sécession. Kate contribue également au développement de l’agence, qui ouvre des branches régionales au-delà du siège de Chicago. Elle s’occupe aussi de l’installation d’un autre bureau féminin à la Nouvelle Orléans.
– Elle a fait son trou.
– Tout à fait. Mais ce n’était qu’un échauffement. En 1860 toujours, le président de la compagnie ferroviaire Philadelphia, Wilmington, and Baltimore Railroads s’inquiète de la menace d’attaques de groupes sécessionnistes sur les voies de chemin de fer du Maryland, alors que les tensions entre nord et sud autour de la question de l’esclavage s’aggravent.
– Oh non, j’espère que ça ne vas pas mal finir entre le nord et le sud.
– Tu rigoles, on en a absolument besoin pour nous fournir des sujets.
– Des…ah non, pas encore ?
– Quoi ?
– Tu sais ça va finir par se voir que tu ne sais pas passer un mois sans parler du Sud. Les gens se posent des questions. Laisse-moi deviner, tiens, il va être question d’une tentative d’assassinat de Lincoln, de ses suites, ou des personnes impliquées ?
– Mais n’importe quoi, est-ce que je parle de Lincoln ?
– Mouais.
– Le Maryland, donc, n’est pas à proprement parler un état du sud, mais il est esclavagiste, avec des sympathies sudistes importantes.
– D’où des menaces sur les chemins de fer.
– C’est ce qu’il s’agit de vérifier. Les agents Pinkerton fouillent un peu, et leurs investigations montrent que les menaces sont sérieuses, au point que les enquêteurs font état d’un possible complot pour assassiner le tout nouveau président.
– Ah oui, tiens, le nouveau président ?
– Et oui.
– Rappelle-moi, il s’appelle comment déjà, ce brave homme ?
– Euh…attends, je vérifie, je connais pas bien…Abraham, je crois.
– Truand.
– Non, c’est pas ça, celui-là il a été élu en 2016. Le président, donc, qui est élu mais pas encore en poste, invite l’agence à creuser. C’est pour le moins un dossier important, il faut la crème des investigateurs, aussi Kate fait-elle partie de l’équipe de cinq enquêteurs chargée du dossier et dépêchée à Baltimore le 3 février 1861.
– Le 3 février, et Lincoln n’est pas encore en poste ?
– Non, c’est prévu début mars. Cela dit vaut quand même mieux faire vite. Kate ressort son accent du sud et une cocarde aux couleurs des sécessionnistes, c’est-à-dire noir et blanc…
– Ah oui ?
– Noir et blanc, mais genre avec les couleurs bien distinctes, tu vois ?
– Je vois.
– Et elle part s’installer à l’hôtel Barnum City de Baltimore, l’un des plus luxueux du pays et qui a la réputation d’être le quartier général des sécessionnistes. Elle y campe une militante sudiste, Mrs Cherry, et se rapproche de plusieurs sécessionnistes, à travers leurs femmes et leurs sœurs. Ce qui lui permet de confirmer la préparation d’un attentat. Elle fait ainsi la connaissance d’un dénommé Cypriano Ferrandini, un barbier corse qui bosse au Barnum, qui se dit prêt à donner sa vie pour prendre celle de l’abolitionniste Lincoln.
– On exporte ce qu’on a de mieux.
– Cela dit il est probable que Ferrandini brasse plus du vent qu’autre chose, au final il ne sera jamais inquiété. Il y a en effet plusieurs complots, plus ou moins sérieux. Celui-là, c’est plutôt moins. En revanche, il y a bien une conjuration qui semble déterminée à frapper le président pendant sa correspondance.
– Ils veulent le tuer au moment où il écrira ses courriers ?
– Non. Lincoln a prévu de se rendre en train depuis Springfield, dans l’Illinois, jusqu’à Washington pour son inauguration. Un voyage de 11 jours, qui doit le mener dans 70 villes et bourgades. Et lors de la dernière étape entre Harrisburg et Washington, il doit changer de train à Baltimore. La configuration du chemin de fer impose en effet une correspondance par cheval entre les deux gares de la ville, et c’est précisément pendant cette partie du trajet que les sécessionnistes comptent attaquer. Un groupe de plusieurs hommes doit bloquer la voiture et faire son affaire au président à coups de couteau.
– Sympa, Baltimore.
Les rues sont plus sûres depuis.
– Kate remonte toutes ses informations à Pinkerton, qui organise un rendez-vous avec elle et Lincoln le 21 février à New York. A ce stade, le nouveau président a des doutes, il n’est pas convaincu de la réalité de la menace.
– Pas du genre à s’inquiéter Abraham.
– Non, et c’est d’autant plus surprenant que ce n’était pas comme s’il n’avait pas déjà échappé à un attentat à ce stade.
– Comment ça, déjà ?
– Oui. Le 13 février, soit deux jours après son départ de Springfield, Lincoln est à Cincinnati, en partance pour l’étape suivante. Juste avant le départ du train, on découvre un sac abandonné dans sa voiture. Dans le sac, une bombe réglée pour exploser 15 minutes plus tard, et qui était suffisamment puissante pour détruire tout le wagon.
– Et ça ne l’alarme pas plus que ça ?
– Non. Aussi ironique que ce soit quand on connaît la suite, il avait semble-t-il du mal à imaginer qu’on en ait après sa vie. C’est comme ça que plus tard, un jour qu’il se baladait en forêt, quand une balle vient lui enlever son chapeau il est convaincu que ce n’est sans doute qu’une balle perdue et ne juge pas utile de pousser les investigations plus loin. Pour en revenir à février 1861, quand son futur secrétaire d’Etat William Seward lui transmet des informations qu’il a obtenues de son côté sur le complot, Lincoln décide néanmoins de les prendre au sérieux, et de suivre les recommandations de Pinkerton et Warne. Pour autant il refuse de modifier son programme, et insiste pour aller à Harrisburg et y maintenir les activités prévues.
– A savoir ?
– Oh ben du classique : levée de drapeau, discours, diner avec les notables. Il charge néanmoins l’agence Pinkerton de sa sécurité. Par ailleurs son garde du corps, Ward Hill Lamon, propose de l’armer d’un flingue et d’un couteau Bowie, ce que Pinkerton n’approuve pas du tout et Lincoln décline.
– Au moins il a un garde du corps qui a l’air un minimum soucieux de sa mission. Son successeur ne pourra pas en dire autant.
– Effectivement. Le 22 février, Lincoln est donc à Harrisburg. Là, au lieu d’enchaîner vers Baltimore en fin d’après-midi comme prévu, il quitte le dîner tenu et son honneur, et file se changer, en enfilant un vieux manteau élimé et un chapeau mou, afin de repartir incognito vers Philadelphie. Sur les recommandations de Kate, les lignes de télégraphe sont coupées pour que l’information sur l’interruption du programme présidentiel ne circule pas.
– Le président des Etats-Unis va voyager déguisé ?
– Tout à fait. Kate achète des billets pour un compartiment couchette pour 4 au nom de Mrs Barley, et se pointe en avance à la gare pour graisser la patte à un contrôleur afin de s’assurer celui de son choix, puisque le train ne pratiquait pas les réservations. C’était un fonctionnement sur le principe du premier arrivé/premier servi. Les autres passagers sont Lamon, Pinkerton, et, son frère invalide.
– Son frère inv…Lincoln ?
– Oui. Kate joue une veuve qui fait office de soignante de son grand frère. A 22h, la petite troupe embarque dans un train de nuit qui arrive à Baltimore à 3h30, avant de continuer vers Washington. Là, il faut effectivement aller de la gare de President Street vers celle de Camden Street. Les voitures sont détachées de la locomotive, et tirées par des chevaux dans les rues, en pleine nuit. Il faut compter une demi-heure pour la correspondance.
– Ce serait effectivement idéal pour une attaque.
– Qui n’arrive pas. Le train part comme prévu pour Washington à 4h. Il arrive à quai dans la capitale deux heures plus tard, sans encombre. Kate reste en alerte permanente pendant tout le trajet et ne ferme pas l’œil un instant. La légende veut que ce soit cette attention continue qui aurait inspiré à Pinkerton la devise de son agence « Nous ne dormons jamais ».
– Bon ben c’est une bonne chose de faite.
– Histoire de s’offrir une dernière petite frayeur, au moment de débarquer, un homme qui attendait sur le quai attrape Lincoln par l’épaule, en lui disant qu’il ne peut pas espérer se jouer de lui comme ça.
– Quoi ?!
– Pinkerton se jette sur lui et s’apprête à lui en coller une, mais Abraham l’arrête au dernier moment. Il s’agit en fait d’un vieil ami et collègue élu de l’Illinois, Elihu Washburne, qui s’inquiétait pour lui et était venu l’attendre à la gare. Et qui n’avait manifestement pas été dupé par le déguisement.
– Avec un garde du corps un peu plus nerveux de la gâchette, ça pouvait mal finir.
– Ca aurait pu, oui. Arrivé à Washington, Pinkerton confirme que le passager est à bon port par télégramme : les prunes ont des noix.
– Quoi ?
– Le nom de code de Pinkerton est Plums, celui de Lincoln est Nuts, donc le message est simple : Plums has Nuts.
– C’est sûr que le gars qui l’aurait intercepté aurait été bien avancé.
– Au moment de quitter son escorte, Lincoln dit à Kate qu’il ignorait jusque-là que l’une des conditions pour l’accession à la présidence était de faire la connaissance de personnes aussi charmantes. De son côté elle écrit qu’il a beaucoup de prestance mais qu’il est quand même très grand ce qui était problématique parce qu’il avait du mal à tenir dans sa couchette.
– Elle est à pour bosser.
– Et il va y avoir de quoi faire. Dès le début de la Guerre de Sécession, l’agence offre ses services de renseignement à Lincoln. Avant même qu’il puisse répondre, le général McClellan la recrute pour mettre en place des renseignements militaires.
Lincoln, arbitrant un concours de sosie de Napoléon entre Pinkerton et McClellan.
– Kate est dans le coup ?
– Un peu, oui. Elle reprend son rôle de sudiste fortunée, et collecte des renseignements pour l’Union. Elle et Pinkerton se font passer pour un couple infiltré dans la haute société sudiste. Et il y a des rumeurs selon lesquelles ils jouaient vraiment leur rôle à fond.
– C’est-à-d…oh.
– Ne me demande pas ce qu’il en est. Kate fait usage de nombreux alias, même si bon ils tournent quand même tous autour du même principe : Kay Warne, Kay Waren, Kay Warren, Kate Warne, Kate Waren, Kate Warren, Kitty Warne, Kitty Waren, Kitty Warren, Kittie Waren, Kittie Warne, et Kittie Warren.
– On dirait moi quand je change mon mot de passe.
– Bon du coup je crois que tu sais ce qu’il te reste à faire là.
– Tu…meeeerde.
– Toujours est-il que quel que soit son nom, Kate collecte du renseignement en plein territoire ennemi, ce qui est tout sauf une activité tranquille. Elle s’en sort sans encombre, et retourne aux affaires civiles après la guerre.
– Toujours chez Pinkerton ?
– Toujours. Elle a toute la confiance du patron. Elle élucide ainsi l’affaire du meurtre de Georges Gordon, un guichetier de banque, avec vol de plus d e130 000 dollars en plus. Pinkerton établit qu’en fait Gordon était en train de remettre de l’argent à quelqu’un à la banque, quand il a été tué d’un coup de marteau à la tête. Il identifie un suspect, Alexander Drysdale, mais il ne trouve pas de preuves contre lui. Kate, sous le nom de Mrs Potter, réussit à se rapprocher suffisamment de sa femme pour apprendre où est caché l’argent.
Elle est méconnaissable.
– Et encore une affaire classée.
– Quelques temps plus tard, un officier, le capitaine Sumner, vient dénoncer sa sœur et un complice, qu’ils soupçonnent d’avoir essayé de les empoisonner, lui et sa femme. Kate se fait passer pour Lucille, une diseuse de bonne aventure, pour obtenir des informations de la part des confidents des suspects.
– Une voyante qui a besoin de poser des questions, ils auraient dû se méfier. Ca sent l’arnaque.
– Toutes les voyantes posent des questions.
– C’est ce que je dis.
– Ca se tient. Kate continue donc le travail de terrain, tout en restant à la tête de la branche féminine de Pinkerton, et en étant le bras droit d’Allan lui-même. Malheureusement sa carrière est de courte durée, puisqu’une pneumonie l’emporte en 1868, avant ses 35 ans. Elle est enterrée dans la concession familiale Pinkerton.
– Ca semble justifié.
– A sa mort, le Democratic Enquirer la salue comme « une femme remarquable parmi son sexe, dotée d’un cerveau grand et actif».
– Ouh, dis donc, encore un peu et on pourrait la juger aussi compétente qu’un homme.
– Ils ajoutent quand même qu’elle était sans conteste la meilleure détective d’Amérique, et sans doute du monde. Et le fait est qu’elle a vraiment été une pionnière, puisque les femmes ne sont admises dans la police américaine qu’en 1891, et doivent encore attendre 1910 pour pouvoir devenir officiers.
– Chapeau bas.
– Et reconnaissance ultime, Kate devrait même avoir son film, sortie prévue en 2023.