Renversement de régime

Renversement de régime

– Et alors, comment ça avance ?

– Ha, tiens, te voilà ! Quelle…bonne surprise.

– T’as pas l’air pleinement convaincu.

– Mais enfin, si, bien sûr.

– C’est marrant, tu as exactement le ton du gars qui est train de se précipiter frénétiquement pour fermer 20 onglets licencieux quand son collègue de bureau revient avec 10 minutes d’avance.

– Pfff, n’importe quoi.

– J’entends la souris tu sais.

– Ah, hé bien, euh, donc tu l’entends chicoter, n’est-ce pas ? Parce que oui, on le sait peu, mais la souris chicote, c’est le…c’est le terme, voilà, elle chicote. Amusant hein ? Bien sûr, je joue sur l’ambiguïté du terme souris, j’imagine que tu parlais évidemment du périphérique informatique de saisie/navigation communément appelé « souris » en vertu de son aspect, encore qu’après tout on pourrait arguer qu’il y assez peu de caractéristiques physiques réellement communes entre l’outil susdit et une représentante des muridés, hein, quand on y réfléchit, surtout que de nos jour de nombreuses souris informatiques n’ont plus à proprement parler de queue, n’est-ce pas cocasse ?

– Ca suffit, montre-moi tout de suite ce que tu étais en train de faire !

– Je proteste avec la dernière énergie contre cette invasion manifeste de mon espace de travail ! Enfin, vivons-nous vraiment dans cette atmosphère de soupçon permanent, où des années de collaboration fructueuse, et oserai-je dire amicale, sont brutalement balayées par des soupçons dont à vrai dire je ne saisis ni les tenants ni les aboutissants au point que j’en viens à me demander…ok c’est bon tiens voilà.

– Tu as eu le temps de tout fermer, c’est ça ?

– Je ne sais pas du tout de quoi tu parles.

– Uh huh. Et donc, ça avance ce que je t’avais demandé ?

– Cette petite étude prospective de l’histoire des Pays-Bas pendant la Seconde Guerre ? Oui oui. J’ai, euh, trouvé des pistes et récupéré un peu de documentation.

– De la documentation ? Comme le répertoire « images » qui a doublé de volume ?

– Doublé ? Non, ça m’étonnerait. Pas du tout.

– Ok, voyons voir ça.

Et invitons les voisins, tant qu’on y est.

– …

– …

– …

– Eh bien, écoute, je dois t’avouer que je m’attendais à pire.

– Merci, ça fait plaisir, la confiance règne.

– Je veux bien que tu m’expliques, cela dit.

– Mais il suffisait de demander, plutôt que de se livrer à cette grossière intrusion qui viole les principes mêmes sur lesquels repose l’idée de république et d’Etat de d…

– CA VA JE SUIS DESOLE, ok ?

– Admettons. Donc, les Pays-Bas pendant la Guerre, c’était bien ça la commande ?

– Je confirme.

– J’ai de nombreuses questions sur les raisons qui ont pu te pousser à choisir ce thème et surtout à me l’assigner, je vais me contenter de subodorer que tu m’en veux.

– Au fait, je te prie.

– Eh bien parlons d’Audrey Kathleen Ruston.

– D’accord.

– Cette demoiselle nait à Bruxelles en 1929, dans une famille aristocratique. Elle est la fille d’une baronne néerlandaise et d’un diplomate britannique. Elle grandit entre la Belgique, les Pays-Bas, et l’Angleterre.

– Une enfance sans soleil, quoi.

– J’imagine. Dans les années 30, ses parents collectent des fonds pour l’Union Britannique des Fascistes.

– L’Union des…pardon ?

– Ben qu’est-ce que tu crois, il y a eu des partis fascistes et revendiqués comme tels ailleurs qu’en Italie et en Allemagne. Y compris en Grande-Bretagne, de toute évidence. Pour en revenir à Mlle Ruston, son père se barre en 1935, rentre à Londres et devient encore plus impliqué dans le mouvement fasciste. Les parents divorceront en 1938. La mère et ses trois enfants (deux garçons ainés d’un premier mariage et une fille, donc) s’installent aux Pays-Bas, mais Audrey va au collège en Grande-Bretagne. Quand la guerre est déclarée, sa mère imagine que les Pays-Bas pourront rester en dehors du conflit comme en 14-18, et rapatrie ses enfants à Arnhem. Dont Audrey fréquente le conservatoire, plus spécifiquement les cours de ballet.

– Ca nous fait un point commun.

– Je ne veux jamais savoir. Toujours est-il que le pari maternel est un cuisant échec. Les Allemands envahissent et occupent les Pays-Bas dès mai 1940. En 1942, un des oncles de la jeune Audrey est abattu en représailles après un acte de sabotage de la résistance, bien qu’il n’en fasse pas partie. Ce qui finit par convaincre sa mère que, finalement, à la réflexion, les Nazis ne sont peut-être pas des gens si bien que ça. A fortiori quand l’un de ses  fils est envoyé dans un camp de travail en Allemagne, et que l’autre se planque pour ne pas le suivre.

– La famille dérouille un peu là.

– Comme le pays dans son ensemble. Et c’est à partir de ce moment que notre jeune demoiselle, âgée d’à peu près 14 ans, s’engage. Elle se porte volontaire pour travailler comme bénévole dans un hôpital, ce qui est déjà assez bien en soi, mais elle se met également à transmettre des messages pour la résistance, des journaux clandestins, ainsi que de la nourriture pour de pilotes abattus. Et que les choses soient bien claires, c’est pas son jeune âge qui l’aurait protégée si elle s’était fait attraper.

– J’avais peu d’illusion sur ce point.

– Mieux, elle lutte contre l’occupation à coups de pointe et d’entrechats. Elle participe en effet à des représentations clandestines de danse dont l’objet est de collecter des fonds à destination de la résistance.

– Bravo mademoiselle.

– Puis au moment de la bataille d’Arnhem, sa famille abrite un para.

– Belle évolution quand on sait que maman militait pour les fascistes dix ans plus tôt. Et puis ?

– Eh ben les Alliés ont libéré les Pays-Bas, les Nazis ont été vaincus, et youpi si je peux me permettre un commentaire personnel.

– D’accord, mais notre ballerine résistante ? Il lui arrive quoi ?

– Oh, pfff, pas grandch’. Elle devient, quoi, une des plus grandes vedettes d’Hollywood, une icône, et un modèle intemporel de classe et d’élégance. Audrey Hepbrun, pour le dire simplement.

– Ah c’est pour ça que… ?

– C’est pour ça.

Ben oui.

– Je comprends mieux ton historique de recherche.

– Tu remarqueras que j’ai évité « ballerine de 14 ans », les gens s’imaginent des choses après.

– Oui bon ça va. Eh bien elle ne peut que rester au firmament de notre estime personnelle, mais je ne te cache pas que c’est quand même un peu court.

– Je me suis dit qu’en insistant sur l’iconographie, ça pouvait passer.

Non ?

– J’aimerais bien te dire oui, mais quand même.

– Moi je pense que c’est jouable.

– Chuis pas certain.

Sûr ?

– Crois-moi, ça ne me fait pas plaisir. T’as pas autre chose ?

– Ben c’est quand même pas du même calibre.

– Alleeeez.

– Disons que…bon vraiment si tu insistes…

– J’insiste.

– Alors à la limite, parce que c’est toi, j’ai…attends une minute que je te retrouve ça…j’ai vu passer ça, bon, c’est pas le truc du siècle mais je pense que ça fera l’affaire… Voilà : comment l’occupation allemande des Pays-Bas a permis une percée médicale majeure dans le traitement d’une maladie séculaire qui tuait des milliers et des milliers d’enfants.

– Mais c’est très bien ça, parfait !

– Mouais, bof. Entre des nourrissons qui meurent de faim et Audrey Hepburn, quand même.

– On parle bien de celle qui a fini ambassadrice de l’Unicef ? Je pense, non je suis sûr, qu’elle aurait voulu que tu en parles.

– ADMETTONS. Bon, alors que peux-tu me dire d’Arétée de Cappadoce ?

– Il n’est pas ambassadeur de l’Unicef, que je sache. Et aussi…turc j’imagine ?

– Tu as à moitié bon. Il était grec, et il a vécu à peu près 18 siècles avant l’ONU. Arétée était un médecin du début de notre ère, qui a décrit un certain nombre de pathologies. Dont une qui se manifeste par de la malnutrition, des diarrhées, et une faiblesse générale. Les malades s’alimentent, mais il semble que la nourriture les traverse sans être digérée. Autrement dit ils peuvent mourir de faim, et quand je dis ils peuvent ça arrive effectivement, alors même qu’ils ont de quoi manger. Sachant que la maladie peut toucher les enfants dès le plus jeune âge, et entraîner des retards de développement physique comme mental importants quand ils s’en sortent.

– Je qualifierai ça de belle saloperie, mais ce n’est sûrement pas le terme médical exact.

– Eh ben le terme médical exact n’est pas vraiment plus précis. C’est une maladie de l’abdomen, en grec le koalia, ça devient donc le mal du koalia, ou maladie de cœliaque en français.

A ne pas confondre avec la maladie du koala causée par l’ingestion d’eucalyptus.

– Aaaaah, je pensais qu’elle avait été caractérisée par un docteur Cœliaque.

– Eh ben non. Comme tu le sais sans doute, la maladie de cœliaque est une maladie auto-immune génétique de l’intestin grêle. La paroi de ce dernier est en effet détruite (atrophie villositaire) par le gluten, une protéine que l’on trouve dans certaines céréales, et typiquement la farine de blé. La maladie touche à peu près 1 % de la population mondiale, même si des études plus récentes montrent que l’intolérance au gluten atteint plus de 80 % des CSP+ urbaines et néorurales qui lisent les blogs santé/bien-être.

– 1% c’est quand même pas négligeable.

– Pardon ?

– Non, je parle santé publique, pas élections.

– Ha, excuse-moi. Oui. La maladie était donc connue depuis longtemps, mais au début du 20e siècle, on n’y comprend toujours pas grand-chose. Ce qui est d’autant plus frustrant qu’elle touche particulièrement les enfants. Les inflammations intestinales et la malnutrition qui en résultent, également appelées indigestion intestinale chronique, provoquent des retards de croissance et de développement, voire tout simplement la mort. C’est pas joli à voir.

Notre commission éthique nous impose de changer l’illustration initialement prévue.

Toutes nos excuses.

– Qu’est-ce qu’on en sait, exactement ?

– A priori, l’hypothèse d’une origine bactériologique a été écartée, puisque la maladie touche des enfants de tous les milieux. Alors en fait ceux des familles les plus aisées semblent un peu plus représentés, mais il est possible que ce soit parce que les autres risquent plus de mourir avant d’avoir été diagnostiqués. Les médecins se doutent que c’est une question d’alimentation, puisque l’époque est propice à un certain nombre de percées dans ce domaine (voir ici, là, ou encore ), mais encore faut-il mettre le doigt sur la cause exacte.

– Pas de piste ?

– Si. En 1924, le médecin américain Sidney Haas se dit que le problème vient peut-être des sucres complexes, notamment les amidons. Alors il réfléchit à une alimentation qui ‘en comprendrait pas.

– A savoir ?

– A savoir un fruit avec lequel on a un petit passif. Plusieurs, même. Haas propose de manger un régime de bananes.

– Tout un régime ? En une fois ? Ca fait beaucoup.

– Non, pas un régime de bananes, un régime de bananes.

– …

– Un régime, mais de bananes. Pas un régime de bananes.

– …

– Un régime alimentaire à base de bananes. Ou éventuellement de régimes de bananes, j’imagine qu’on peut à la limite parler de régime de régimes de bananes.

– Aaaaaah, d’accord. Un régime de bananes, quoi. Tu pouvais pas le dire ?

– Je ne sais pas exactement comment je vais me venger, mais tu pourras pas te plaindre. Donc, Haas propose de manger des bananes, qui ne contiennent que très peu d’amidons. Mais aussi pas de gluten, sauf que ça il n’en a pas conscience. Il tire cette idée d’une étude sur une ville de Puerto Rico dans laquelle il constate que les citadins (qui mangent du pain) souffrent de la maladie, tandis que les fermiers des alentours, qui consomment beaucoup de bananes, sont épargnés. Et plutôt que de se poser la question de l’effet éventuellement néfaste du pain, il pense que les bananes sont curatives.

– Je vois se pointer un malentendu.

– Bon, le régime Haas ne se limite pas à des bananes : laitages, légumes, viande, et bananes. Beaucoup de bananes. Donc pas de gluten, et beaucoup de calories. Et de fait les petits patients vont beaucoup mieux, leurs symptômes disparaissent, et ils prennent du poids.

– C’est le plus important.

– Ca marche tellement bien que l’université du Maryland valide ce traitement dans les années qui suivent. Sachant qu’à l’époque environ un tiers des enfants diagnostiqués n’y survivaient pas. Les gamins qui passent aux bananes vont effectivement mieux, mais pas pour les raisons imaginées par Haas. Néanmoins les travaux de Haas reçoivent un large écho, notamment grâce aux producteurs de bananes (au point que des confrères le soupçonnent d’avoir partie liée avec eux), une corporation notoirement puissante.

– Comme peuvent en attester un certain nombre de…régimes… sud-américains.

– Toujours est-il que le résultat est une très grosse demande de bananes. D’autant que des médecins recommandent d’en donner aux bébés dès 4 semaines. D’autres se proposent de traiter d’autres maladies avec, comme le diabète, et constatent qu’un régime de bananes permet aux patients de perdre du poids.

– Ecoute, tant que ça marche.

– Justement, c’est un peu le problème. Haas se trompe sur les raisons de l’efficacité de son régime, mais aussi sur sa durée. Il pense que le régime bananes permet une guérison définitive, en conséquence de quoi de nombreux adultes malades reprennent une alimentation normale, c’est-à-dire avec des céréales, au bout d’un moment, avec des conséquences délétères.

– Va falloir trouver autre chose.

– Ca tombe bien, il se trouve qu’un médecin néerlandais y travaille. Enfin, il n’est certainement pas le seul, mais lui est sur une piste. Il s’agit du docteur Willem Karel Dicke.

Il n’a pas particulièrement la banane.

– Attends une minute. Le premier s’appelle Haas, et le deuxième Dicke ? Tu ne serais pas en train de te foutre de moi ?

– Promis, non. Cette magnifique coïncidence nous est offerte par l’Histoire. Dicke, donc, soupçonne le blé d’être une cause de la maladie quand des patients lui expliquent que leurs symptômes s’aggravent après avoir mangé du pain ou des biscuits. Quand il devient directeur de l’hôpital pour enfant de la Haye en 1936, il commence une étude au long cours sur un enfant malade. A l’hôpital, il le nourrit avec un régime sans blé. Mais il en reprend quand il rentre chez lui. Dicke suit ses courbes de croissance et peut ainsi établir une corrélation claire entre les périodes sans blé et avec blé sur sa nutrition et santé en général. Malheureusement, à ce moment, des espèces de sagouins viennent foutre le souk dans son laboratoire.

– Mais enfin, qui sont ces malotrus ?

– La Wehrmacht, toujours disposée à jouer les casse-pieds.

SURPRIIIIIIISE !

Les Allemands occupent les Pays-Bas. Et entre autres choses, coupent les approvisionnements en bananes, les récoltes locales étant par ailleurs plutôt limitées.

– Leur truc ce sont plutôt les tulipes.

– Tu ne crois pas si bien dire. Dicke fait avec les moyens du bord, et travaille sur un porridge sans farine. Pendant que sa femme rejoint la résistance néerlandaise et renseigne Londres sur les défenses allemandes. Willem lui-même est arrêté pour avoir caché des pilotes alliés dans l’hôpital, et il ne doit de rester en liberté qu’au fait que la ville manque méchamment de docteurs, et encore plus de pédiatres.

– Une bien remarquable profession.

– Nous sommes d’accord. Après le Débarquement de juin 44, les Pays-Bas pensent qu’ils ne vont pas tarder à être libérés. Par conséquent, en septembre, le gouvernement en exil incite les cheminots néerlandais à faire grève, pour casser les pieds des occupants allemands, plus précisément ralentir leurs mouvements. Dans le même temps les quelques 65 000 collaborateurs néerlandais fuient vers l’Allemagne.

– Ca sent le roussi.

– Pas tant que ça, il semblerait que tout le monde s’emballe un peu. Les Nazis conservent le contrôle sur la partie ouest du pays, et avec le sens du fair-play et de la mesure qui les caractérise, ils décident en représailles de couper les approvisionnements en nourriture des régions les plus peuplées. Alors qu’il pèle sévère, en plus. Les canaux sont gelés, ce qui empêche les transports. C’est « l’hiver de la famine », Hongerwinter dans le truc qui leur fait office de langage.

– Je vous échange une miche de pain contre votre billet pour un ballet clandestin ?

– Non !

– Famine, carrément ?

– Ben écoute, les Néerlandais doivent passer l’hiver avec 500 à 1 000 calories par jour, voire moins. Certains en sont réduits fabriquer de la farine à partir de betteraves ou d’oignons de tulipes. Spoiler : ça nourrit que dalle. Pire, les oignons de tulipes sont susceptibles de contenir des substances toxiques, les glycosides ou hétérosides. Et pourtant ils ont boulotté 140 millions d’oignons de tulipes pendant la Guerre. Globalement, la famine touche environ 4 millions de personnes, et en tue entre 20 000 et 30 000.

– Ok, d’accord, famine.

– Même Willem Dicke sert des oignons de tulipes à certains de ses malades. Mails il dresse par ailleurs un constat surprenant. Il y a une catégorie de patients qui se portent carrément mieux dans ce contexte pourtant pas festif.

– Est-ce que ça pourrait être les petits malades de cœliaque ?

– Tout juste. Ils ne mangent pas plus que les autres, mais leurs symptômes disparaissent alors que l’hôpital manque de pain. Et quand il en récupère un peu et leur en sert, leur état se dégrade à nouveau immédiatement. Pendant la famine, le taux de mortalité des enfants atteints de maladie de cœliaque passe de 35 % à à peu près 0 %.

– Ah oui, c‘est radical.

Mais pfff, pour que les enfants aillent mieux, une bonne guerre et une famine ! Les gamins d’aujourd’hui ils sont beaucoup trop protégés.

– Les Alliés commencent à larguer de la nourriture sur les Pays-Bas fin avril 45, avant de libérer le pays en mai. Et les patients cœliaque retombent malades. A partir de ces observations, Dicke se lance en 1948 dans une étude minutieuse sur 5 patients qu’il nourrit de différentes céréales, en suivant de près leur poids et leur absorption des différents nutriments.

– Tu veux dire que… ?

– Oui, il étudie leurs excréments. En 1950, il publie ses résultats : les farines de blé et de seigle aggravent les symptômes, alors qu’en revanche les amidons n’ont pas d’effet contraire. En poussant encore un peu ses travaux avec l’aide d’autres collègues, il finit par mettre le doigt sur le gluten. Le régime sans gluten devient très rapidement le traitement de la maladie de cœliaque en Europe et en Australie. C’est sensiblement plus long aux Etats-Unis, où le régime de bananes fait de la résistance, notamment parce que Haas conteste les travaux de Dicke.

« You’re an ass,Dicke. »

« Don’t be a dick, Haas. »

En conséquence de quoi la maladie reste pendant de longues années sous-diagnostiquée aux Etats-Unis.

– Tant pis pour eux, voilà. Moi je dis bravo au docteur Dicke.

– Et tu n’es pas le seul. La Société Néerlandaise de Gastroentérologie crée tout spécialement une médaille Dicke, et la lui remet.

– Tant qu’à faire.

– Son nom est même proposé pour le Nobel, mais il meurt avant d’avoir pu le recevoir en 1962.

– Dommage. Dis, il te resterait pas…encore une…tu vois ce que je veux dire ?

– Ca va que je suis d’excellente composition.

Bouquet final

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8 réflexions sur « Renversement de régime »

  1. Merci encore pour tout.

    Petit point chieur : « maladie cœliaque » au lieu de « maladie de cœliaque » (ne me dites pas que ça vient du neerlandais, j’espère que vous ne lisez pas le noir parler en VO )

  2. Bonjour, je me permets un petit point chieur également : si je ne me trompe pas, les villosités des intestins ne sont pas détruites par la protéine de gluten mais par les anticorps qui réagissent à sa présence, c’est pour cela qu’on parle de maladie auto-immune.

  3. Petite remarque : les liens vers les autres billets sont cassés (tous ceux que j’ai pu voir en tous cas). Je pense que cela est dû au changement de format récent de l’URL des billets.

    Merci pour celui-ci (et les autres) et bonne journée !

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